4 technologies pour améliorer les performances sportives
- De nombreuses technologies pour favoriser la performance sportive voient le jour à travers le monde.
- Des recherches ont notamment prouvé l’importance d’un bon soutien-gorge de sport, en constatant son effet direct sur l’articulation du genou.
- Cela prouve que ces derniers, qui évoluent peu depuis 50 ans, doivent être considérés comme des équipements sportifs à part entière.
- Des semelles équipées de capteurs permettraient de mesurer les progrès et la performance des sportifs dans divers sports.
- Des chercheurs coréens ont mis au point un hydrogel conducteur, capable de régénérer et de reconnecter un muscle blessé au système nerveux.
- Ces technologies en développement, variées et multiples, ouvrent les portes à de nouvelles progressions et performances sportives.
Cet article a été publié en exclusivité dans notre magazine Le 3,14 sur la science et le sport.
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#1 Un bon soutien-gorge de sport peut augmenter les performances de course de 7 %.
Outre une bonne paire de chaussures de course, un soutien-gorge de sport bien ajusté qui soutient les seins est important pour les coureuses. Il participe à réduire les douleurs mammaires et à améliorer les performances. Lorsque les seins ne sont pas correctement soutenus, le corps compense en les protégeant par d’autres moyens. Ces compensations peuvent réduire les performances de course, augmenter le risque de blessures et même entraîner des douleurs dorsales et thoraciques.
Pour mieux comprendre le rôle d’un bon soutien-gorge de sport sur la biomécanique de la course à pied, une équipe de chercheurs dirigée par Douglas Powell et Hailey Fong du Breast Biomechanics Research Center de l’Université de Memphis (États-Unis) a étudié l’influence du soutien-gorge sur la rigidité de l’articulation du genou pendant l’effort. Cette mesure biomécanique informe sur la résistance de l’articulation du genou à la force appliquée. Pour ce faire, les chercheurs ont recruté 12 coureuses non-professionnelles âgées de 18 à 35 ans et leur ont fait porter deux soutiens-gorge de sport différents : l’un avec un soutien élevé et l’autre avec un soutien faible. Un groupe témoin n’a pas porté de soutien-gorge.
Durant trois minutes, chaque participante a couru sur un tapis roulant. Les chercheurs filmaient à l’aide d’un système de capture de mouvement à 10 caméras et d’un tapis roulant équipé de détecteurs de force. En parallèle, des marqueurs rétro-réfléchissants placés sur le corps des coureuses suivaient leurs mouvements. Puis, un logiciel spécialement conçu a calculé les excursions de l’articulation du genou (flexions, extensions et rotations) à partir de ces images et du mouvement de la poitrine pendant la course.
Les expériences ont révélé que lorsque le soutien mammaire était plus important, l’articulation du genou était plus rigide, grâce à de plus petites excursions articulaires. Par rapport au groupe témoin, les soutiens-gorge à faible et à forte contention ont augmenté la rigidité de l’articulation du genou de 2 et de 5 % respectivement. Dans l’ensemble, un soutien-gorge de sport à haut maintien semble améliorer les performances de course de 7 %. Les travaux ont également révélé que l’amélioration des performances de course avec les soutiens-gorge de sport à haute contention était fortement corrélée à la taille des seins : les femmes à forte poitrine bénéficient d’un plus grand avantage en termes de performances de course.
Ces 50 dernières années, la conception des soutiens-gorge a peu évolué, explique Douglas Powell. « Nos résultats, combinés à ceux d’études antérieures, montrent que les soutiens-gorge de sport devraient être considérés non seulement comme des vêtements, mais aussi comme des équipements sportifs à part entière »12.
#2 Des semelles de chaussures imprimées en 3D pour évaluer les performances des athlètes
Dans le sport de haut niveau, une fraction de seconde peut faire toute la différence. Les semelles de chaussures sur mesure peuvent améliorer les performances des sportifs. Des chercheurs suisses de l’Empa, de l’ETH Zurich et de l’EPFL, ont développé une semelle beaucoup plus sophistiquée qu’une simple semelle intérieure. Elle comprend des capteurs de pression et de cisaillement, pouvant mesurer directement ces paramètres sur la plante du pied pendant n’importe quel type d’activité physique.
« Les pressions enregistrées permettent de déterminer si une personne marche, court, monte des escaliers. Il est même possible de déterminer si elle porte une lourde charge sur le dos, auquel cas la pression se déplace davantage vers le talon », explique Gilberto Siqueira, chef de projet et chercheur à l’Empa et au laboratoire des matériaux complexes de l’ETH.
Les semelles ont été fabriquées grâce à une imprimante 3D, appelée extrudeuse. La base de la semelle est constituée d’un mélange de silicone et de nanoparticules de cellulose. Une encre conductrice, contenant de l’argent, est ensuite imprimée sur cette première couche. Les capteurs, des composants piézoélectriques, convertissent la pression mécanique en signaux électriques. Ces derniers sont imprimés sur les conducteurs de la semelle, là où la pression exercée par le pied est la plus forte. L’ensemble est protégé d’une dernière couche de silicone. Une interface de lecture des signaux générés, insérée dans la semelle, complète le dispositif.
Outre l’Empa, l’ETH Zurich et l’EPFL, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et l’entreprise d’orthopédie Numo ont également participé à ces travaux. De telles semelles pourraient être utilisées par les sportifs pour mesurer leurs progrès à l’entraînement et leurs performances de manière générale3.
#3 Un hydrogel conducteur d’électricité pour régénérer les muscles
Des chercheurs de l’Institute of Basic Science (IBS) en Corée du Sud ont mis au point une nouvelle prothèse tissulaire. Fabriquée à partir d’un hydrogel conducteur, elle peut être injectée directement dans un muscle blessé, afin de le régénérer et de le reconnecter au système nerveux. Cette prothèse a permis à des rats dont les membres postérieurs étaient déchirés de marcher à nouveau.
Les blessures musculaires telles que les foulures ou les déchirures sont fréquentes chez les sportifs. Lorsqu’un muscle est déchiré, sa communication électrique avec le système nerveux est perturbée, il ne fonctionne plus correctement. Aujourd’hui, ces blessures peuvent être traitées via des dispositifs électroniques portables ou implantables. Toutefois, la rigidité de ces derniers les rend incompatibles avec les tissus biologiques mous. Non seulement ils sont inconfortables pour le patient, mais ils peuvent même provoquer une inflammation qui ralentit la guérison.
Les chercheurs de l’IBS ont mis au point une prothèse souple, fabriquée à partir d’un hydrogel contenant de l’acide hyaluronique – un polysaccharide naturel aux propriétés mécaniques similaires à celles des tissus mous et connu pour ses propriétés régénératives. Pour donner à la prothèse des propriétés conductrices, ils ont utilisé des liaisons covalentes. Ainsi, l’hydrogel renferme des composés chimiques contenant des anneaux hexagonaux pouvant accueillir des nanoparticules d’or. L’or est également un matériau biocompatible et intrinsèquement inerte sur le plan chimique.
Lorsque le gel est injecté dans le tissu musculaire d’un rat, les liaisons chimiques qu’il contient sont rompues. Elles se reforment rapidement une fois l’hydrogel fixé dans le muscle. C’est cette chimie innovante qui lui permet de régénérer les tissus lésés. De plus, le gel ne suractive pas le système immunitaire de l’animal. Il ne produit donc pas de tissu cicatriciel fibreux, comme cela peut être le cas avec les prothèses implantables conventionnelles.
Les chercheurs ont découvert que l’hydrogel adhère aux nerfs périphériques des muscles blessés de la patte arrière d’un rat. Le dispositif peut ainsi être connecté à des fils électriques. Grâce à cette propriété, les scientifiques peuvent activer le muscle en envoyant une stimulation électrique à travers l’hydrogel. Une stimulation répétée a permis aux rongeurs de marcher peu de temps après la blessure.
À terme, les chercheurs souhaiteraient, bien sûr, appliquer leur technique aux muscles humains. Néanmoins, avant d’y parvenir, d’autres études devront être menées sur des animaux plus grands que les rongeurs afin de déterminer si l’hydrogel peut conduire l’électricité sur de plus longues distances4.
#4 Analyse du rebond d’une balle de table de tennis de table sur la raquette
Des chercheurs ont mesuré la vitesse de progression, de rotation et l’angle de rebond d’une balle de tennis de table. Les scientifiques, dirigés par Jean-Christophe Géminard, directeur de recherche CNRS au laboratoire de physique de l’ENS de Lyon, ont envoyé la balle sur une plaque de verre, en variant l’angle et la vitesse d’impact de la balle. Ils ont ensuite mesuré les paramètres précédents en analysant les vidéos de l’interaction de la balle avec la plaque.
Résultat : avec des angles d’incidence typiquement inférieurs à 45 degrés, la balle roulait (sans glisser le long de la surface de la plaque) réalisant une fraction de tour complet, c’est-à-dire moins d’un tour, avant de rebondir. Pour des angles d’incidence plus importants, la balle glissait encore en quittant la surface, réduisant sa rotation après le rebond. Les chercheurs expliquent qu’en rebondissant sur une surface solide, telle que la plaque de verre, la rotation finale, la vitesse ainsi que l’angle de rebond de la balle, sont régis uniquement par la friction entre la balle et la surface. Selon eux, ce résultat s’appliquerait au rebond d’une balle sur une vraie table de ping-pong.
Pour concrétiser leurs expériences, Jean-Christophe Géminard et ses collègues les ont ensuite répétées avec une raquette recouverte d’un empilement de mousse et d’élastomère. Dans une certaine mesure, ce scénario empêchait la balle de glisser sur la surface de la plaque. Les joueurs capables de reproduire les techniques décrites dans cette étude auront, sans aucun doute un avantage significatif, affirment les chercheurs.
Enfin, les scientifiques ont reproduit leurs expériences sur des surfaces couramment utilisées par les joueurs dans le monde réel, mais à ce jour, les résultats de cette partie de leur travail n’ont pas encore été rendus publics56.