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L’eau au cœur des enjeux géopolitiques mondiaux

Sécurité de l’eau : question locale à impact international

Patricia Crifo, professeure d’économie à l’École polytechnique (IP Paris) et Maxime Elkington, étudiant du Master « Economics for smart cities and climate policy » de l'École polytechnique (IP Paris)
Le 14 février 2024 |
10 min. de lecture
Patricia Crifo
Patricia Crifo
professeure d’économie à l’École polytechnique (IP Paris)
Maxime Elkington
Maxime Elkington
étudiant du Master « Economics for smart cities and climate policy » de l'École polytechnique (IP Paris)
En bref
  • L’eau est une ressource essentielle, elle a un rôle majeur dans la sécurité alimentaire, la santé humaine, la stabilité régionale et les tensions internationales.
  • La sécurité de l’eau dépend de sa disponibilité dans des qualités et des quantités adéquates aux besoins des populations.
  • Alors que la demande mondiale en eau augmente, les ressources en eau douce disponibles diminuent, exacerbant les tensions et les compromis.
  • L’eau est une problématique qui doit inclure toutes les parties prenantes, y compris les communautés locales et autochtones, qui détiennent souvent des connaissances essentielles sur les pratiques de gestion durable.
  • Le rapport de l'ONU sur la mise en valeur de l'eau estime qu'au rythme actuel, les objectifs sont loin d’être atteints et qu’il faudrait quadrupler les efforts dans certains domaines.

L’eau, ressource pré­cieuse essen­tielle à la vie et à toute forme de civil­i­sa­tion, est au cœur des ques­tions les plus pres­santes de notre siè­cle. À une époque où le change­ment cli­ma­tique et l’épuise­ment des ressources domi­nent les dis­cus­sions mon­di­ales, la sécu­rité de l’eau est dev­enue un défi cru­cial pour l’hu­man­ité. Défi qui se définit par une eau (en quan­tité et qual­ité accept­able) disponible pour la san­té, les moyens de sub­sis­tance, les écosys­tèmes et la pro­duc­tion. De même, le risque asso­cié à cette eau doit être à un niveau accept­able pour les per­son­nes, les envi­ron­nements, et les économies1. En tant que tel, le sujet de la sécu­rité de l’eau est étroite­ment lié à la notion de stress hydrique, qui mesure la pres­sion exer­cée par les activ­ités humaines sur les ressources naturelles en eau douce2.

Recon­nais­sant son rôle vital, les Nations unies en ont fait l’un de leurs objec­tifs de développe­ment durable, l’ODD 6 (Objec­tif de Développe­ment Durable 6), visant à garan­tir son acces­si­bil­ité et son assainisse­ment. Qu’il s’agisse de soutenir l’a­gri­cul­ture, pili­er de la sécu­rité ali­men­taire, d’ac­com­pa­g­n­er la crois­sance des pop­u­la­tions urbaines ou de favoris­er la pro­duc­tion d’én­ergie, le rôle de l’eau dans la société ne saurait être sures­timé. Cepen­dant, divers risques ren­for­cés par le change­ment cli­ma­tique, men­a­cent cette ressource et sa sécurité.

L’eau, un pilier de la société

Le rap­port mon­di­al des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 20233 a souligné le rôle essen­tiel de la ges­tion durable à de mul­ti­ples niveaux. En effet, cela joue sur la préser­va­tion de la sécu­rité ali­men­taire et énergé­tique, dans le sou­tien de la san­té humaine et des moyens de sub­sis­tance, et dans l’at­ténu­a­tion des effets du change­ment cli­ma­tique. Déjà, l’eau est le pre­mier pili­er sur lequel repose l’a­gri­cul­ture. C’est un essen­tiel à la sécu­rité ali­men­taire, sans lequel des pop­u­la­tions entières risquent la famine. On estime que 691 à 783 mil­lions de per­son­nes dans le monde souf­friront de la faim en 20224. L’aug­men­ta­tion du stress hydrique et de l’in­cer­ti­tude ne fera qu’ag­graver cette sit­u­a­tion, menaçant grave­ment la vie humaine et la sta­bil­ité des régions touchées.

 La sécu­rité de l’eau n’est pas seule­ment vitale pour assur­er l’al­i­men­ta­tion et l’as­sainisse­ment, c’est aus­si une néces­sité pour main­tenir la paix et la sta­bil­ité dans le monde.

Assuré­ment, la sécu­rité de l’eau n’est pas seule­ment vitale pour fournir de la nour­ri­t­ure et des ser­vices d’as­sainisse­ment aux pop­u­la­tions, mais elle est égale­ment néces­saire pour main­tenir la paix et la sta­bil­ité dans le monde. Pedro Arro­jo-Agu­do, rap­por­teur spé­cial des Nations Unies sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’as­sainisse­ment, a déclaré que « Le manque d’eau potable entraîne le dés­espoir, la dégra­da­tion de la con­fi­ance dans les insti­tu­tions, les migra­tions mas­sives, la vio­lence et la désta­bil­i­sa­tion de régions entières. » Les con­flits risquent d’ap­pa­raître ou de s’ag­graver dans les régions con­fron­tées à des pénuries d’eau. Par exem­ple, la Soma­lie, pays touché par les con­flits et la pau­vreté, dépend forte­ment de l’a­gri­cul­ture, l’él­e­vage représen­tant près de 40 % de son PIB. Le pays est par­ti­c­ulière­ment vul­nérable aux sécher­ess­es, dev­enues beau­coup plus fréquentes ces 30 dernières années. Des études sug­gèrent que ces sécher­ess­es ont aggravé la vio­lence dans le pays. Cer­tains agricul­teurs et éleveurs touchés par la sécher­esse se tour­nent vers des activ­ités illé­gales pour com­penser leur perte de revenus. Par­fois aus­si, ils se met­tent à soutenir des groupes rebelles en échange de revenus en espèces5. « Boko Haram est né là où il n’y avait pas d’eau », a déclaré Abdoulaye Mar Dieye, coor­di­na­teur spé­cial des Nations unies pour le développe­ment au Sahel, lors d’une con­férence qui a mis l’ac­cent sur le rôle de l’eau pour la paix dans cette région.

Ce risque d’aug­men­ta­tion des ten­sions entraîne non seule­ment une insta­bil­ité interne, mais aus­si des ten­sions diplo­ma­tiques inter­na­tionales. En effet, les sources d’eau douce, comme les riv­ières et les lacs, ne con­nais­sent pas de fron­tières, ce qui en fait sou­vent l’ob­jet de ten­sions et de con­flits inter­na­tionaux. Plus de 60 % de toutes les sources d’eau douce sont partagées par au moins deux pays6, ce qui souligne la néces­sité d’une coopéra­tion entre les pays dans ce domaine. « Sans une diplo­matie autour de l’eau, fondée sur la sci­ence, les con­flits liés à l’eau devien­dront de plus en plus fréquents »7.

Augmentation de la demande

Au niveau mon­di­al, la con­som­ma­tion d’eau a aug­men­té d’en­v­i­ron 1 % par an au cours des 40 dernières années, une grande par­tie de cette aug­men­ta­tion étant con­cen­trée dans les pays à revenus moyens et faibles, en par­ti­c­uli­er dans les économies émer­gentes. Cette ten­dance est due à la com­bi­nai­son de la crois­sance démo­graphique, du développe­ment socio-économique et de l’évo­lu­tion des modes de con­som­ma­tion. Trois grands secteurs sont respon­s­ables de l’u­til­i­sa­tion et de la con­som­ma­tion d’eau : l’a­gri­cul­ture, l’in­dus­trie et les municipalités.

Évo­lu­tion des prélève­ments d’eau dans le monde, 1900–2018 (km3/an). Source : Rap­port mon­di­al des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, 2023

Entre 2010 et 2018, les prélève­ments d’eau munic­i­paux ont aug­men­té de 3 %, tan­dis que les prélève­ments agri­coles ont aug­men­té de 5 % pour représen­ter 72 % des prélève­ments totaux actuels. Au cours de la même péri­ode, les prélève­ments indus­triels ont dimin­ué de 12 %, prin­ci­pale­ment en rai­son de proces­sus de refroidisse­ment, plus économes en eau, dans la pro­duc­tion d’én­ergie ther­mique. Les ten­sions et les com­pro­mis en matière d’ap­pro­vi­sion­nement en eau entre l’a­gri­cul­ture et les villes se sont accrus. Cela est dû en par­tie à l’ur­ban­i­sa­tion rapi­de ; la demande en eau des villes devrait aug­menter de 80 % d’i­ci à 2050.

Diminution des ressources par habitant

Par­al­lèle­ment à cette aug­men­ta­tion de la demande mon­di­ale, les ressources en eau douce disponibles ont dimin­ué au cours des 20 dernières années. Entre 2000 et 2018, les ressources internes renou­ve­lables en eau (IRWR) ont bais­sé de 20 %.

Disponi­bil­ité des ressources en eau renou­ve­lables par habi­tant, par région géo­graphique (m3 par habi­tant). Source : Rap­port mon­di­al sur la mise en valeur des ressources en eau des Nations unies, 2023

Ce déclin a surtout touché les pays qui dis­po­saient déjà des ressources les plus faibles. Ils sont sou­vent situés en Afrique sub­sa­hari­enne, en Asie cen­trale, en Asie occi­den­tale et en Afrique du Nord. En Afrique sub­sa­hari­enne, la disponi­bil­ité de l’eau par habi­tant a dimin­ué de 40 % au cours de la dernière décen­nie. Toute­fois, ces sta­tis­tiques mon­di­ales peu­vent être trompeuses et mas­quer le stress hydrique local­isé. Les effets peu­vent être très dis­parates, vari­er con­sid­érable­ment au sein d’une même région ou d’un même pays, et présen­ter une forte vari­abil­ité saison­nière. L’eau est une ques­tion locale, c’est pourquoi il est essen­tiel de la con­sid­ér­er comme telle et d’é­tudi­er son impact direct sur les populations.

Le stress hydrique dans le monde

Plus de 733 mil­lions de per­son­nes vivent dans des pays où le stress hydrique est élevé (70 %) ou cri­tique (100 %), soit près de 10 % de la pop­u­la­tion mon­di­ale. Le stress hydrique de référence mesure le rap­port entre la demande totale en eau et les réserves renou­ve­lables d’eau de sur­face et d’eau souter­raine disponibles.

Stress hydrique annuel de référence. Source : Rap­port mon­di­al des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau, 2023

Env­i­ron 1,2 mil­liard de per­son­nes vivent dans des régions où l’a­gri­cul­ture est con­fron­tée à de graves pénuries d’eau et à une fréquence élevée de sécher­ess­es dans les zones de cul­tures plu­viales et de pâturages, ou à un stress hydrique impor­tant dans les zones irriguées. L’Afrique du Nord, l’Afrique aus­trale et l’Afrique de l’Ouest dis­posent cha­cune de moins de 1 700 m3/habitant. A ce niveau, la capac­ité du pays à répon­dre aux besoins de sa pop­u­la­tion est compromise.

Rareté ou sécurité

Ce stress hydrique physique (ou pénurie), décrit une inadéqua­tion entre la demande en eau douce et sa disponi­bil­ité. La sécu­rité de l’eau est un con­cept plus large, qui englobe l’ac­cès aux ser­vices liés à l’eau, la pro­tec­tion con­tre la mau­vaise qual­ité de l’eau et une gou­ver­nance de l’eau appro­priée, garan­tis­sant l’ac­cès à l’eau salu­bre8. Par exem­ple, la rareté physique ne rend pas compte de la rareté économique de l’eau. En clair, si les ressources sont suff­isantes pour répon­dre aux besoins humains et envi­ron­nemen­taux, mais que son accès est lim­ité en rai­son d’un manque d’in­fra­struc­tures hydrauliques ou d’une mau­vaise ges­tion des ressources en eau, c’est une sit­u­a­tion à risque.

Out­re les 1,2 mil­liard de per­son­nes qui vivent dans des con­di­tions de stress hydrique physique, on estime à 1,6 mil­liard le nom­bre de per­son­nes con­fron­tées aux pénuries d’eau économique9. Dans la plu­part des cas, ces dif­fi­cultés sont causées par une mau­vaise ges­tion qui pol­lue les sources d’eau, une util­i­sa­tion non régle­men­tée de l’eau par l’a­gri­cul­ture ou l’in­dus­trie, ou une inef­fi­cac­ité majeure de son util­i­sa­tion. En effet, l’aug­men­ta­tion du stress hydrique physique va de pair avec l’ac­céléra­tion de la pol­lu­tion de l’eau douce, ce qui men­ace encore plus de ressources en eau potable et qui a des réper­cus­sions impor­tantes sur l’en­vi­ron­nement et la san­té humaine. Le PNUE (le Pro­gramme des Nations Unies pour l’Environnement) estime que 4 000 enfants meurent chaque jour de mal­adies causées par de l’eau pol­luée et/ou des instal­la­tions san­i­taires inadéquates. L’a­gri­cul­ture con­somme 70 % des ressources mon­di­ales en eau douce. Env­i­ron 60 % de cette eau est gaspillée en rai­son de sys­tèmes d’ir­ri­ga­tion non-étanch­es, de méth­odes d’ap­pli­ca­tion inef­fi­caces et de cul­tures trop assoif­fées pour l’en­vi­ron­nement dans lequel elles sont cul­tivées10. C’est un exem­ple majeur d’inefficacité.

Par ailleurs, la jus­tice cli­ma­tique a été un sujet de plus en plus dis­cuté lors des COPs, recon­nais­sant que les pays qui souf­frent le plus des con­séquences du change­ment cli­ma­tique sont ceux qui y con­tribuent le moins. D’une part, les pays les plus rich­es (16 % de la pop­u­la­tion mon­di­ale) sont respon­s­ables de près de 40 % des émis­sions de CO2. D’autre part, les deux caté­gories de pays les plus pau­vres dans la clas­si­fi­ca­tion de la Banque mon­di­ale représen­tent près de 60 % de la pop­u­la­tion mon­di­ale, mais moins de 15 % des émis­sions11.

Comme les pays en développe­ment sont sou­vent les plus touchés par les sécher­ess­es et la pénurie d’eau, ils sont aus­si sou­vent ceux dont l’é­conomie dépend le plus du secteur agri­cole. Leurs économies sont donc les plus touchées par l’in­cer­ti­tude crois­sante de l’ap­pro­vi­sion­nement en eau, alors qu’elles sont pré­cisé­ment celles qui ont le plus besoin de crois­sance économique pour amélior­er leur niveau de vie. En l’ab­sence de sol­i­dar­ité inter­na­tionale, ces pays dis­posent de moyens économiques lim­ités pour ren­forcer leur résilience et adapter leurs sys­tèmes hydrauliques et agri­coles. De plus, le manque d’ac­cès et de capac­ités adéquates pour tir­er par­ti du cap­i­tal naturel peut con­duire à une sur-util­i­sa­tion, et à une exploita­tion des ressources non-renou­ve­lables pour répon­dre aux besoins à court terme, ce qui aggrave les men­aces futures.

Solutions : partenariats, coopération et coordination

Dif­férents types de solu­tions à la pénurie de l’eau ont été exam­inés lors de la COP28. Des inno­va­tions tech­niques amélio­rant l’ef­fi­cac­ité de l’eau et des investisse­ments dans les infra­struc­tures adéquates per­me­t­traient d’éviter les pertes d’eau dues aux fuites et à l’é­va­po­ra­tion. Mais il n’ex­iste pas de solu­tion unique12 pour remédi­er à la pénurie d’eau. La com­plex­ité des prob­lèmes très locaux se traduit par une mul­ti­plic­ité de solu­tions exis­tantes et poten­tielles. Cepen­dant, un pili­er com­mun à tous les pro­jets, fréquem­ment men­tion­né lors de la COP28, est la néces­sité d’une approche inté­grée et holis­tique dans les partenariats.

Par exem­ple, un événe­ment par­al­lèle organ­isé par le Pavil­lon européen a souligné le rôle de cette approche inté­grée et de l’in­clu­siv­ité dans l’at­ténu­a­tion des risques liés à l’eau. L’ab­sence de pro­grès dans la réal­i­sa­tion de l’ODD 6 a mis en évi­dence la néces­sité de parte­nar­i­ats et de col­lab­o­ra­tions. C’est pourquoi, presque toutes les inter­ven­tions liées à l’eau néces­si­tent une cer­taine forme de parte­nar­i­at, et tout pro­grès vers l’ODD 6 dépend forte­ment de l’ef­fi­cac­ité et de ces derniers.

La recherche de la sécu­rité de l’eau est une respon­s­abil­ité partagée qui implique les gou­verne­ments, les com­mu­nautés et les individus.

Les sys­tèmes hydriques sont inter­con­nec­tés avec divers sys­tèmes envi­ron­nemen­taux, économiques et soci­aux. En rai­son de cette inter­con­nex­ion et de la com­plex­ité de l’hy­drolo­gie, il est essen­tiel d’adopter une approche glob­ale qui tienne compte de toutes les facettes des sys­tèmes hydriques et de leurs inter­dépen­dances. L’un des aspects essen­tiels de cette approche holis­tique est la prise en compte des dif­férents acteurs impliqués dans les parte­nar­i­ats, dont les objec­tifs liés à l’eau sont par­fois dif­férents. Cela néces­site alors la prise en compte de toutes leurs voix pour garan­tir une approche coor­don­née face à la pénurie d’eau. La prise en compte de tous les points de vue des acteurs con­cernés per­met donc de définir une vision claire et partagée des objec­tifs et des résul­tats, sur la base d’une com­préhen­sion com­mune du prob­lème. Par exem­ple, l’in­clu­sion des voix des com­mu­nautés locales et autochtones dans les parte­nar­i­ats pour l’adap­ta­tion a été un sujet majeur dis­cuté lors de la COP28.

Leurs con­nais­sances et leurs points de vue sont essen­tiels, car ils ont une com­préhen­sion pro­fonde de leur envi­ron­nement et de la dynamique des écosys­tèmes. Ces com­mu­nautés sont sou­vent en pre­mière ligne face au change­ment cli­ma­tique. L’implication de ces com­mu­nautés garan­tit que les efforts en matière de sécu­rité de l’eau répon­dent aux défis spé­ci­fiques aux­quels elles sont con­fron­tées, que per­son­ne n’est lais­sé pour compte et que les droits de l’homme à l’eau et à l’as­sainisse­ment sont respectés.

En résumé

Les dis­cus­sions de la COP28 à Dubaï ont mis en avant la ques­tion cru­ciale de la sécu­rité de l’eau. « Les ban­ques de développe­ment ont fait de l’eau l’une des pri­or­ités de cette COP », a insisté Ambroise Fay­olle, vice-prési­dent de la Banque européenne d’investissement, lors d’un événe­ment organ­isé au Pavil­lon de l’eau pour le climat.

Néan­moins, pour faire face à la pénurie d’eau et aux défis de la pol­lu­tion de l’eau douce, il faut des solu­tions glob­ales et stratégiques. L’im­por­tance de la gou­ver­nance, asso­ciée à la néces­sité de parte­nar­i­ats inno­vants et d’une ges­tion inté­grée des ressources, a été claire­ment iden­ti­fiée comme une voie cri­tique à suiv­re. Les dis­cus­sions de la COP28 ont mis l’ac­cent sur la néces­sité d’une approche holis­tique de la sécu­rité de l’eau. Cette approche devrait inclure toutes les par­ties prenantes, y com­pris les com­mu­nautés locales et autochtones, en recon­nais­sant que les per­son­nes directe­ment touchées par la pénurie d’eau déti­en­nent sou­vent des con­nais­sances essen­tielles sur les pra­tiques de ges­tion durable.

Alors que les efforts mon­di­aux se pour­suiv­ent pour attein­dre les objec­tifs de développe­ment durable, en par­ti­c­uli­er l’ODD 6, les con­clu­sions de la COP28 ser­vent de guide pour les actions futures. La recherche de la sécu­rité de l’eau est une respon­s­abil­ité partagée qui implique les gou­verne­ments, les com­mu­nautés et les indi­vidus. Cette ques­tion inclut des con­sid­éra­tions envi­ron­nemen­tales, économiques et sociales, et touche aux droits fon­da­men­taux de tous. La voie à suiv­re pour assur­er la sécu­rité de l’eau dans l’avenir passe par des actions col­lec­tives et coordonnées.

Le rap­port de l’ONU sur la mise en valeur de l’eau estime qu’au rythme actuel, les pro­grès vers toutes les cibles de l’ODD 6 ne sont pas au ren­dez-vous, et que dans cer­tains domaines, le taux de mise en œuvre doit être quadru­plé, voire plus. Nous sommes donc loin d’être sur la voie du change­ment néces­saire, mais les nom­breux événe­ments organ­isés autour de la sécu­rité de l’eau pen­dant la COP28 soulig­nent l’im­por­tance crois­sante du sujet dans les négo­ci­a­tions mon­di­ales, et don­nent l’e­spoir d’une action ambitieuse lors de la COP29 qui aura lieu en Azerbaïdjan.

1Grey, D. et Sad­off, C. W. (2007). Sink or swim ? water secu­ri­ty for growth and devel­op­ment. Water Pol­i­cy, 9(6), 545–571. https://​doi​.org/​1​0​.​2​1​6​6​/​w​p​.​2​0​0​7.021
2Organ­i­sa­tion des Nations unies pour l’al­i­men­ta­tion et l’a­gri­cul­ture (FAO). (2021). État des ressources en terre et en eau pour l’al­i­men­ta­tion et l’a­gri­cul­ture dans le monde. Source : https://​www​.fao​.org/​d​o​c​u​m​e​n​t​s​/​c​a​r​d​/​e​n​/​c​/​c​b​9​910en
3Rap­port mon­di­al des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau. (2023). The Unit­ed Nations world water devel­op­ment report 2015: water for a sus­tain­able world
4Organ­i­sa­tion des Nations unies pour l’al­i­men­ta­tion et l’a­gri­cul­ture (FAO). (2023). L’é­tat de la sécu­rité ali­men­taire et de la nutri­tion dans le monde. Source : https://​www​.fao​.org/​h​u​n​g​e​r/en/
5Diplo­matie cli­ma­tique. (n.d.). Droughts, live­stock prices, and armed con­flict in Soma­lia (Sécher­ess­es, prix du bétail et con­flit armé en Soma­lie). Source : https://​cli​mate​-diplo​ma​cy​.org/​c​a​s​e​-​s​t​u​d​i​e​s​/​d​r​o​u​g​h​t​s​-​l​i​v​e​s​t​o​c​k​-​p​r​i​c​e​s​-​a​n​d​-​a​r​m​e​d​-​c​o​n​f​l​i​c​t​-​s​o​malia
6Actu­al­ités des Nations Unies. (2023, mars). UN Water Con­fer­ence: reduc­ing cross-bor­der ten­sions. Source : https://​news​.un​.org/​e​n​/​s​t​o​r​y​/​2​0​2​3​/​0​3​/​1​1​35002
7Nations Unies. (2023, 7 févri­er). Les con­flits autour de l’eau devien­dront plus fréquents sans une diplo­matie de l’eau basée sur la sci­ence, déclare un groupe d’ex­perts à l’Assem­blée générale des Nations unies. Source : https://​www​.un​.org/​p​g​a​/​7​7​/​2​0​2​3​/​0​2​/​0​7​/​p​r​e​s​s​-​r​e​l​e​a​s​e​-​c​o​n​f​l​i​c​t​s​-​o​v​e​r​-​w​a​t​e​r​-​w​i​l​l​-​b​e​c​o​m​e​-​m​o​r​e​-​c​o​m​m​o​n​-​w​i​t​h​o​u​t​-​s​c​i​e​n​c​e​-​b​a​s​e​d​-​w​a​t​e​r​-​d​i​p​l​o​m​a​c​y​-​p​a​n​e​l​-​t​e​l​l​s​-​u​n​-​g​e​n​e​r​a​l​-​a​s​s​e​mbly/
8Groupe d’ex­perts inter­gou­verne­men­tal sur l’évo­lu­tion du cli­mat (GIEC). (2022). Six­ième rap­port d’é­val­u­a­tion du groupe d’ex­perts inter­gou­verne­men­tal sur l’évo­lu­tion du cli­mat. Source :https://​www​.ipcc​.ch/​r​e​p​o​r​t​/​a​r​6​/​w​g​2​/​d​o​w​n​l​o​a​d​s​/​r​e​p​o​r​t​/​I​P​C​C​_​A​R​6​_​W​G​I​I​_​C​h​a​p​t​e​r​0​4.pdf
9Insti­tut inter­na­tion­al de ges­tion de l’eau (IWMI). (2007). Une éval­u­a­tion com­plète de la ges­tion de l’eau dans l’a­gri­cul­ture. Source : https://​www​.iwmi​.cgiar​.org/​a​s​s​e​s​s​m​e​n​t​/​f​i​l​e​s​_​n​e​w​/​s​y​n​t​h​e​s​i​s​/​S​u​m​m​a​r​y​_​S​y​n​t​h​e​s​i​s​B​o​o​k.pdf
10Fonds mon­di­al pour la nature (WWF). (n.d.). Water scarci­ty. Source : https://​www​.world​wildlife​.org/​t​h​r​e​a​t​s​/​w​a​t​e​r​-​s​c​a​rcity
11Guiv­arch, C., Méjean, A., & Taconet, M. (2021). Change­ment cli­ma­tique et iné­gal­ités. Finance & Devel­op­ment. Source : https://​www​.imf​.org/​e​n​/​P​u​b​l​i​c​a​t​i​o​n​s​/​f​a​n​d​d​/​i​s​s​u​e​s​/​2​0​2​1​/​0​9​/​c​l​i​m​a​t​e​-​c​h​a​n​g​e​-​a​n​d​-​i​n​e​q​u​a​l​i​t​y​-​g​u​i​v​a​r​c​h​-​m​e​j​e​a​n​-​t​a​conet
12Parte­nar­i­at mon­di­al pour l’eau (GWP) (2011). Com­ment gér­er la tran­si­tion vers la sécu­rité de l’eau et une économie verte. Source : https://​www​.gwp​.org/​e​n​/​A​b​o​u​t​/​m​o​r​e​/​n​e​w​s​/​N​e​w​s​-​a​n​d​-​A​c​t​i​v​i​t​i​e​s​/​H​o​w​-​t​o​-​M​a​n​a​g​e​-​t​h​e​-​T​r​a​n​s​i​t​i​o​n​-​t​o​-​W​a​t​e​r​-​S​e​c​u​r​i​t​y​-​a​n​d​-​a​-​G​r​e​e​n​-​E​c​o​nomy/

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