Comment les « saisons » du Soleil affectent-elles nos satellites ?
- Le Soleil a un impact sur son environnement proche, sur les planètes plus éloignées, mais aussi sur toute la région de l’espace entourant notre Système qu’on appelle « héliosphère ».
- Les conséquences de l’interaction de ce flux de particules solaires avec la magnétosphère terrestre sont multiples et variées. L’une des plus belles est bien sûr l’observation d’aurores.
- L’autre conséquence de ce bombardement permanent est le vieillissement ou les pannes éventuelles des différents satellites en orbite, très exposés aux particules du vent solaire.
- La température très élevée du Soleil forme des bulles qui « éclate » ses atomes en une soupe de noyaux et d’électrons libres appelée « plasma », très sensible aux champs électriques et magnétiques.
- L’activité solaire évolue périodiquement en suivant un long cycle d’environ 11 ans et demi, passant par un maximum d’activité et un minimum. On peut ainsi parler de « saisons » du Soleil.
Tous les 11,5 ans, le Soleil traverse une période d’activité intense. Cette période est caractérisée par un vent solaire plus important ainsi que des pannes de satellites plus fréquentes dues à un bombardement de particules provenant du soleil. Mais que l’activité solaire soit élevée ou basse, la vie est rude pour nos technologies en orbite. Le Soleil a un impact sur son environnement proche, sur les planètes plus éloignées, mais aussi sur toute la région de l’espace entourant notre Système solaire qu’on appelle « héliosphère ».
Quelles conséquences pour les activités spatiales ?
Les conséquences de l’interaction de ce flux de particules solaires avec la magnétosphère terrestre — le champ magnétique de notre planète — sont multiples et variées. L’une des plus belles est bien sûr l’observation d’aurores (boréales dans l’hémisphère Nord, australes dans l’hémisphère Sud). Au niveau des pôles, une petite fraction du vent solaire peut traverser la magnétosphère (voir image du champ magnétique terrestre ci-dessous) et venir alors interagir violemment avec l’atmosphère terrestre. Ce transfert d’énergie va exciter les atomes et molécules raréfiées au sommet de l’atmosphère qui la réémettront sous forme de magnifiques drapés de lumière.
Mais d’autres conséquences sont plus problématiques. Les satellites en orbite autour de notre planète sont très exposés aux particules du vent solaire. Ce bombardement permanent est une cause majeure de leur vieillissement ou de pannes éventuelles. À l’image des procédés d’irradiation utilisés dans l’industrie sur Terre, les propriétés mécaniques, électriques et/ou optiques des composants des satellites vont progressivement être altérées. Des pannes, transitoires ou définitives, concernant l’électronique embarquée pourront aussi survenir (plus fréquemment en période de maximum solaire bien sûr). C’est pourquoi ils sont souvent blindés et leur électronique « durcie » pour mieux y résister.
Nos activités au sol ne sont pas totalement indépendantes du cycle solaire non plus. Si la température et l’intensité lumineuse du Soleil ne changent pas au cours du cycle solaire (il ne fait pas plus chaud tous les 11,5 ans), les orages géomagnétiques provoquées par l’arrivée dans l’environnement terrestre d’une éjection de masse coronale peuvent être si intenses que de gigantesques courants électriques induits apparaissent dans le réseau électrique terrestre. C’est ainsi qu’en 1989, une panne d’électricité généralisée a bloqué le Canada pendant 9 heures. Tout le réseau s’est effondré en seulement 25 secondes. Problématique lorsque l’on songe à la dépendance grandissante de notre civilisation à l’électricité…
Le Soleil fait des bulles
Depuis longtemps, les astronomes cherchent à caractériser l’héliosphère dont on parle qui délimite deux zones de l’espace : l’intérieur, dominé par le vent solaire, et l’extérieur, constitué des particules baignant le milieu interstellaire. Le Soleil émettant les particules du vent solaire de manière globalement isotrope, sa forme a d’abord été imaginée comme une « bulle » allongée entourant le système solaire. Cependant, un article récent1 propose, sur la base de lourdes simulations numériques et d’importantes observations du ciel, que l’héliosphère de notre Système solaire ait la forme… d’un croissant. En cause : les interactions complexes entre les atomes d’hydrogène du milieu interstellaire et les particules chargées émises par le Soleil.
La forme de cette héliosphère va bien évidemment dépendre de la composition, de la densité et de la vitesse de ce flux de particules provenant du Soleil. Chaque seconde, c’est environ 1 million de tonnes d’électrons, de noyaux d’hydrogène et d’hélium qui sont perdus par le Soleil en un « vent » qui s’étend autour de lui, baignant les planètes et les autres corps jusqu’aux confins du Système solaire. C’est, par exemple, ce vent solaire qui donne sa forme à l’une des deux queues des comètes en emportant les particules de poussière et de gaz éjectées du noyau de la comète dans la direction opposée au Soleil.
Mais ce vent solaire interagit aussi avec les planètes du Système solaire, plus ou moins directement, en fonction de la présence ou pas d’un champ magnétique autour d’elles. La température très élevée du Soleil « éclate » ses atomes en une soupe de noyaux et d’électrons libres appelée « plasma », très sensible aux champs électriques et magnétiques. C’est ainsi que lorsque ces particules arrivent près de la Terre, son champ magnétique va en détourner une part non négligeable et déviera cette pluie de particules avant qu’elle ne puisse irradier et stériliser la surface terrestre.
Cycles solaires et météo de l’espace
Si le Soleil nous envoie un « vent » de particules, on peut s’interroger sur ses propriétés. Est-il constant ? Régulier ? Ou existe-t-il des « tempêtes de vent solaire » ? De même, y a‑t-il, comme sur Terre, des « saisons » où le vent solaire est plus intense ? La réponse est oui pour les deux questions.
De la même manière que les saisons sur Terre reviennent régulièrement, et ce chaque année, l’activité solaire (qui regroupe tous les phénomènes qui se passent à la surface et autour du Soleil) évolue aussi périodiquement en suivant un long cycle d’environ 11 ans et demi.
Durant ce cycle, le Soleil passe par un maximum d’activité (le vent solaire y sera en moyenne plus dense et plus rapide) et un minimum. Mais cette variation d’activité ne se limite pas à la quantité de particules du vent solaire. Le Soleil produit aussi régulièrement des phénomènes éruptifs appelés « éjections de masse coronale ». Ces bouffées très intenses de particules solaires sont produites très localement sur la surface de notre étoile et sont éjectées radialement, loin du Soleil.
Lorsque la Terre se trouve dans cette direction, on assiste, 2 à 3 jours après le début de cette éjection, à l’arrivée d’une « vague » de particules particulièrement dense dont l’action, pendant quelques heures, va s’ajouter à celle du vent solaire classique. Et bien évidemment, ce sont pendant les années de maximum d’activité solaire que la probabilité est la plus grande de voir survenir ces puissants phénomènes éruptifs qui produisent des « orages géomagnétiques » dans l’environnement terrestre.
Néanmoins, on aurait tort de penser que les activités spatiales sont plus calmes en période de minimum solaire. Car si le vent solaire est alors moins dense et les éruptions solaires moins nombreuses, d’autres phénomènes prennent le devant de la scène. Comme, par exemple, le fait que l’atmosphère terrestre varie aussi en fonction de la « pression » du vent solaire. Au minimum solaire, la pression est moins grande et l’atmosphère s’étend plus loin dans l’espace, imprimant aux satellites en orbite basse des contraintes aérodynamiques qui réduisent sensiblement leur durée de vie.
En conclusion, notre étoile influe sensiblement sur l’environnement terrestre. Ses doigts de plasma nous caressent nuit et jour, et c’est par la compréhension des interactions complexes entre le Soleil et la Terre que l’humanité pourra continuer à comprendre l’espace, et mieux s’y étendre.
Pour plus d’infos, vous pouvez regarder cette vidéo ARTE avec Tahar Amari, chercheur au Centre de physique théorique de l’École polytechnique :
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