Au XXe siècle, la résorption des inégalités économiques a rabattu la question sur celle des discriminations qui empêchaient l’accès à la classe moyenne.
Depuis une dizaine d’années, la question des inégalités économiques a fait son grand retour, avec le succès mondial des travaux de Thomas Piketty qui place le projecteur sur le patrimoine.
Mais différents experts ont critiqué cette focalisation sur les inégalités de capital, notant par exemple l’existence de rentes sans capital ou les effets toujours puissants de la redistribution dans les sociétés européennes.
Plus inquiétantes sont les inégalités de destin qui voient se reconstituer des classes sociales polarisées et étanches, tant du côté des favorisés que des défavorisés.
chercheur à l’Institut de recherche en économie industrielle (IFN)
En bref
Le XXe siècle a connu un fort mouvement d’égalisation dans les sociétés occidentales.
Mais il y a un débat si l’on considère les quatre dernières décennies. Pour autant, en récompensant le succès et en augmentant l’inégalité des revenus, les sociétés occidentales ont réussi à résoudre leur crise d’efficacité et à améliorer la situation de tous.
Certains économistes soulignent la croissance des inégalités de patrimoine. Mais la mesure et la répartition de la richesse font l’objet de débats. La plupart des gens font partie de systèmes de retraite collectifs dans lesquels ils ne possèdent pas d’actifs, mais ont des droits de tirage sur des flux de revenus futurs.
Ces dernières années, les politiques d’assouplissement quantitatif des banques centrales ont pu creuser l’écart entre ceux qui ont un patrimoine et ceux qui n’en ont pas : les politiques de redistribution sont de nouveau à l’ordre du jour.
La réduction des inégalités a toujours été plus efficace en augmentant le seuil de revenu et de richesse par le bas.
professeur associé de gouvernance du commerce mondial à l’Institut Barcelona d’Estudis Internacionals
Yann Coatanlem
CEO de DataCore Innovations LLC
En bref
Avec la crise sanitaire, les inégalités existantes (entre hommes et femmes, blancs et noirs, riches et pauvres) se sont aggravées.
Les interdépendances entre les types d’inégalités se sont également renforcées.
Le confinement a introduit ou donné de l’importance à de nouveaux types d’inégalités, de la fracture numérique à la possibilité du télétravail.
Chez les enfants d’âge scolaire et les étudiants, ces inégalités qui s’accusent et se redoublent peuvent créer des divergences de destin.
Auteurs
Richard Robert
journaliste et auteur
Éditeur du site Telos et auteur, Richard Robert enseigne à Sciences-Po. Il a dirigé la Paris Innovation Review de 2012 à 2018. Derniers ouvrages : Le Social et le Politique (dir., avec Guy Groux et Martial Foucault), CNRS éditions, 2020, La Valse européenne (avec Élie Cohen), Fayard, publié en mars 2021.