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Quelles pistes pour améliorer la relation entre éducation et emploi ?

Qui sont les « Neet », ces décrocheurs précaires sans formation ni emploi ?

Le 12 janvier 2022 |
5 min. de lecture
Jean-Francois Giret
Jean-François Giret
professeur en sciences de l’education à l’Université de Bourgogne
En bref
  • Les Neet regroupent les jeunes de 15 à 34 ans n'ayant ni éducation, ni emploi, ni formation (Not in Education, Employment or Training).
  • L’apparition des Neet remonte aux années 1980, lorsque le Royaume-Uni a voulu identifier les jeunes jusqu’alors invisibles dans les statistiques du marché du travail.
  • Selon le pays, leur part dans la population est très variable. Le chiffre est inférieur à 10 % pour quelques pays comme la Suisse (7 %), les Pays-Bas (7,2 %) ou la Suède (7,6 %), mais il est compris entre 10 % et 15 % dans la majorité des pays de l’OCDE.
  • La probabilité de devenir Neet est très élevée en l’absence de maîtrise de la langue écrite et des mathématiques. Même pour certains diplômés, un déficit en compétences de base peut se révéler handicapant dans l’accès à l’emploi.
  • Les pays dotés d’un système éducatif en alternance, comme l’Allemagne, la Suisse ou encore l’Autriche, ont des taux de Neet en général au-dessous des 10 %.

Qui sont les Neet (« Not in Education, Employment or Training ») et à quand remonte leur apparition ?

L’apparition des Neet remonte aux années 1980 lorsque le Roy­aume-Uni a voulu iden­ti­fi­er les jeunes, jusqu’alors invis­i­bles dans les sta­tis­tiques du marché du tra­vail, c’est-à-dire les décrocheurs. Cette iden­ti­fi­ca­tion n’était pas réal­is­able à tra­vers les sta­tis­tiques du chô­mage, car ces jeunes n’étaient pas tou­jours à la recherche d’un emploi. Cette caté­gorie a ensuite été adop­tée par les pays de l’Union européenne pour com­pren­dre ce phénomène et le terme Neet fait désor­mais par­tie du débat pub­lic. Il s’agit des per­son­nes âgées de 15 à 29 ans ou de 15 à 34 ans, en fonc­tion des insti­tuts sta­tis­tiques nationaux ou inter­na­tionaux, qui ne sont pas sco­lar­isées, qui n’ont pas d’emploi et qui ne suiv­ent pas de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle. Leur part dans la pop­u­la­tion est très vari­able. Elle est inférieure à 10 % d’une classe d’âge pour quelques pays comme la Suisse (7 %), les Pays-Bas (7,2 %) ou la Suède (7,6 %), mais elle est com­prise entre 10 % et 15 % dans la majorité des pays de l’OCDE. Elle est, par exem­ple, de 12,4 % au Roy­aume-Uni, de 13,4 % aux É.-U. ou de 15 % en France. Pour cer­tains pays européens, elle dépasse néan­moins les 15 %, comme en Espagne (18,5 %), en Grèce (18,7 %) ou en Ital­ie (23,5 %) L’apparition des Neet remonte aux années 1980 lorsque le Roy­aume-Uni a voulu iden­ti­fi­er les jeunes, jusqu’alors invis­i­bles dans les sta­tis­tiques du marché du tra­vail, c’est-à-dire les décrocheurs. Cette iden­ti­fi­ca­tion n’était pas réal­is­able à tra­vers les sta­tis­tiques du chô­mage, car ces jeunes n’étaient pas tou­jours à la recherche d’un emploi. Cette caté­gorie a ensuite été adop­tée par les pays de l’Union européenne pour com­pren­dre ce phénomène et le terme Neet fait désor­mais par­tie du débat pub­lic. Il s’agit des per­son­nes âgées de 15 à 29 ans ou de 15 à 34 ans, en fonc­tion des insti­tuts sta­tis­tiques nationaux ou inter­na­tionaux, qui ne sont pas sco­lar­isées, qui n’ont pas d’emploi et qui ne suiv­ent pas de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle. Leur part dans la pop­u­la­tion est très vari­able. Elle est inférieure à 10 % d’une classe d’âge pour quelques pays comme la Suisse (7 %), les Pays-Bas (7,2 %) ou la Suède (7,6 %), mais elle est com­prise entre 10 % et 15 % dans la majorité des pays de l’OCDE. Elle est, par exem­ple, de 12,4 % au Roy­aume-Uni, de 13,4 % aux É.-U. ou de 15 % en France. Pour cer­tains pays européens, elle dépasse néan­moins les 15 %, comme en Espagne (18,5 %), en Grèce (18,7 %) ou en Ital­ie (23,5 %)1.

Quels sont les principaux facteurs expliquant l’évolution du nombre de Neet ?

L’un des pre­miers fac­teurs est la con­jonc­ture économique et le dynamisme du marché du tra­vail. Les jeunes pâtis­sent plus forte­ment que les autres caté­gories de dif­fi­cultés économiques. Ils sont sou­vent sans emploi lorsqu’ils sor­tent du sys­tème édu­catif et se retrou­vent dans des emplois pré­caires, sou­vent très vul­nérables. Par exem­ple, la crise de 2008 a entraîné une hausse très sig­ni­fica­tive du nom­bre de Neet, notam­ment en Europe du Sud. En Grèce, le taux de Neet a presque dou­blé entre 2008 et 2013. Un deux­ième fac­teur est le manque de com­pé­tences de base, notam­ment en numératie et lit­tératie. La prob­a­bil­ité de devenir Neet est très élevée en l’absence de maîtrise de la langue écrite et des math­é­ma­tiques. Même pour cer­tains diplômés, un déficit en com­pé­tences de bases peut se révéler comme un hand­i­cap dans l’accès à l’emploi 2. D’autres fac­teurs comme des prob­lèmes de san­té et les dif­fi­cultés famil­iales peu­vent égale­ment intervenir.

Au-delà de l’environnement économique, comment explique-t-on une surpopulation de Neet d’un pays à l’autre (OCDE) ?

Les pays dotés d’un sys­tème édu­catif en alter­nance, comme l’Allemagne, la Suisse ou encore l’Autriche, ont des taux de Neet en général au-dessous des 10 %. Une majorité des jeunes passent par l’apprentissage pour acquérir les com­pé­tences néces­saires à la pra­tique d’un méti­er. Cela facilite la tran­si­tion entre le sys­tème édu­catif et le marché du tra­vail. Cepen­dant, le sys­tème garan­tit égale­ment une bonne maîtrise de la lit­tératie et de la numératie pour les jeunes qui vont sor­tir de l’apprentissage après un enseigne­ment sec­ondaire long. L’Allemagne a tiré les con­séquences de ce que l’on appelle le « choc PISA » à la suite des mau­vais­es per­for­mances de son sys­tème sco­laire au début des années 2000. Les car­ac­téris­tiques du sys­tème édu­catif n’expliquent évidem­ment pas tout : les choix des pays en matière de lég­is­la­tion du marché du tra­vail peu­vent égale­ment influ­encer l’accès à l’emploi et le taux de Neet. Un des enjeux impor­tants reste néan­moins d’essayer de sécuris­er leur par­cours ain­si que de lut­ter con­tre la pau­vreté qui est plus élevée chez les jeunes et en hausse, ces dernières années, en France.

 

Comment aborder ce problème à la fois social et économique ?

Depuis une ving­taine d’années, la France a fait des pro­grès dans sa poli­tique de lutte con­tre le décrochage sco­laire. Cepen­dant, les jeunes sans diplôme, qui sont env­i­ron 70 000 à 80 000 chaque année à sor­tir du sys­tème édu­catif, se trou­vent en grande dif­fi­culté d’insertion. On con­state que trois ans plus tard, près de 60 % de ces jeunes sont tou­jours sans emploi. C’est une pop­u­la­tion très dif­fi­cile à attein­dre, notam­ment pour ceux qui sont sor­tis après le col­lège ou en pre­mière année de CAP. Les poli­tiques publiques, et notam­ment les dis­posi­tifs de rac­crochage, ne parvi­en­nent que par­tielle­ment à remo­bilis­er les jeunes les plus en dif­fi­cultés. Du fait de leur expéri­ence dans le sys­tème sco­laire, leur rap­port à la for­ma­tion est dif­fi­cile et leur pos­si­bil­ité d’accéder à des dis­posi­tifs sélec­tifs comme l’apprentissage est rel­a­tive­ment faible.

On assiste sou­vent à une oppo­si­tion dans les poli­tiques de l’emploi entre le « work first », c’est-à-dire la pri­or­ité don­née à l’accès à l’emploi et le « learn first » où l’accent est mis sur la for­ma­tion. Les deux ne doivent pas s’opposer : cela dépend des com­pé­tences des jeunes et de leur besoin d’accompagnement. Les struc­tures d’insertion par l’activité économique peu­vent représen­ter une oppor­tu­nité : cer­taines pro­posent à la fois un emploi et la pré­pa­ra­tion à une cer­ti­fi­ca­tion de com­pé­tences de base par le biais de pré­for­ma­tion. En France par exem­ple, il y a le cer­ti­fi­cat CléA, qui est une cer­ti­fi­ca­tion inter­pro­fes­sion­nelle. Elle per­met de garan­tir à un employeur une maîtrise min­i­mum du lan­gage écrit et des chiffres, mais égale­ment de ce que l’on appelle les soft skills : l’aptitude à tra­vailler en autonomie et en équipe, la capac­ité d’apprendre ou encore le respect des règles d’hygiène et de sécu­rité au travail.

D’autres cer­ti­fi­ca­tions plus spé­ci­fiques exis­tent comme le Caces (cer­ti­fi­cat d’aptitudes à la con­duite d’engins de sécu­rité), une cer­ti­fi­ca­tion utile pour les métiers de la logis­tique par exem­ple, et qui per­met la con­duite sécurisée de char­i­ots élé­va­teurs. Mais y com­pris pour ce type de com­pé­tences basiques, le retour en for­ma­tion n’est pas facile pour la par­tie des jeunes Neet les plus en dif­fi­culté : l’enjeu est de trou­ver des péd­a­go­gies actives et ludiques pour dévelop­per ces com­pé­tences et accéder à ces cer­ti­fi­ca­tions. Enfin, de manière plus struc­turelle, un des meilleurs moyens pour dimin­uer les dif­fi­cultés d’insertion des jeunes est de con­tin­uer à dimin­uer le nom­bre de décrocheurs en amont, au sein du sys­tème édu­catif. Réduire les iné­gal­ités à l’école est un enjeu décisif des poli­tiques éduca­tives afin de per­me­t­tre au sys­tème sco­laire d’être aus­si juste qu’efficace, ce qui va sou­vent de pair en matière d’éducation.

1En 2020, source OCDE. https://​data​.oecd​.org/​y​o​u​t​h​i​n​a​c​/​y​o​u​t​h​-​n​o​t​-​i​n​-​e​m​p​l​o​y​m​e​n​t​-​e​d​u​c​a​t​i​o​n​-​o​r​-​t​r​a​i​n​i​n​g​-​n​e​e​t.htm
2Jean-François Giret, Janine Jong­bloed. Les jeunes en sit­u­a­tion de NEET : le rôle des com­pé­tences de base. Céreq Bref, 2021, 413

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