professeur en sociologie à l'Université Paris VIII
En bref
Dans son essai L’avenir confisqué, Nicolas Duvoux plaide pour une prise en compte d’une analyse subjective en sciences sociales afin d’appréhender le concept de « hiérarchie sociale ».
En effet, on classe souvent la position sociale des individus dans la société en fonction de données « objectives », comme leurs catégories socio-professionnelles ou leurs revenus.
Cependant, la prise en compte en complément de données « subjectives », comme leur sentiment de pauvreté ou d’insécurité, permet d’obtenir une vision plus nuancée de leur position sociale.
La prise en compte du « sentiment de pauvreté » pour appréhender leurs conditions sociales montre donc que les individus ne se sentent pas pauvres uniquement en raison de leurs revenus, mais aussi à cause de leur sentiment d’insécurité sociale et de leur incapacité à se projeter dans l’avenir.
Il s’agit ainsi pour les acteurs publics de se saisir des résultats de cette étude pour répondre aux demandes de sécurisation économiques et sociales de la population.
professeur d’économie à l’École polytechnique (IP Paris)
Camille Peugny
professeur de sociologie à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
En bref
En France, les inégalités scolaires se creusent tout au long de la scolarité et favorisent la reproduction sociale.
La filiarisation des cursus est socialement marquée : au lycée, environ 80 % des élèves issus de milieux favorisés poursuivent en 2nde générale et technologique, contre 36 % des élèves d’origine modeste.
Le système éducatif français s'est construit autour de la sélection des futures élites et le budget consacré à l’enseignement maternelle et primaire est moins élevé que la moyenne de l’OCDE, selon le sociologue Camille Peugny.
Pour lutter contre ces inégalités, le sociologue préconise d’investir davantage dans le premier et le second cycle d’enseignement, ainsi que de défendre l’idée d’une éducation tout au long de la vie.
Une expérience montre qu’informer les élèves de leur position réelle dans la distribution des notes influence leurs choix et contribue à corriger la sous-confiance observée chez les jeunes filles et les élèves issus des milieux les plus défavorisés.
directrice de recherche sur l'après-cancer à l'Inserm
Aurore Loretti
maîtresse de conférences au centre d'éthique médicale du laboratoire ETHICS à l'Université catholique de Lille
En bref
Les cancers touchent plus fréquemment les classes sociales modestes, en particulier les plus meurtriers, tels que les cancers des poumons et des voies aérodigestives supérieures.
Cette disparité s’explique notamment par une plus grande exposition des populations défavorisées, avant la maladie, à des facteurs de risque comme la consommation de tabac ou l’exposition à des substances cancérogènes.
En France, les inégalités face à la santé tendent à s’aggraver pendant la maladie, en raison notamment de retards de diagnostic plus fréquents et d’une moindre participation aux campagnes de dépistage dans les milieux modestes.
Des études révèlent que ces inégalités sont plus marquées chez les hommes, particulièrement lorsqu’ils sont isolés, que chez les femmes, bien que les inégalités de mortalité chez les femmes soient en augmentation.
Les inégalités persistent également après la maladie : par exemple, le cancer du poumon, socialement marqué, entraîne des discriminations sociales accrues et un retour au travail plus incertain.