Certaines ONG et gouvernements ont tenté d'obtenir l'interdiction des robots tueurs dans le cadre de campagnes telles que Stop Killer Robots.
Les arguments avancés sont la déshumanisation, les biais algorithmiques et le manque de compréhension par les machines des conséquences de leurs actions.
Cependant, la propagation rapide de ces systèmes d'armement semble avoir mis de côté ces discussions, conduisant à une course aux armes robots.
Une forme de contrôle humain est donc nécessaire et reste au cœur des discussions actuelles.
Certains spécialistes considèrent les armes autonomes comme la troisième révolution des techniques de guerre, après la poudre à canon et la bombe nucléaire.
L’automatisation des systèmes d’armement a commencé il y a plusieurs décennies. Les progrès en matière de mobilité et d’interprétation des informations sur l’environnement leur confèrent désormais une forte autonomie.
Les drones ont une longueur d’avance sur les robots « fantassins », qui doivent relever des défis techniques considérables.
Dans leur version armée, ces systèmes sont principalement utilisés sur des cibles physiques. Leur usage létal conduit à des débats éthiques. Mais la course aux armements a commencé.
professeur adjoint au département du génie aérospatial et chercheur associé au Rock Ethics Institute
En bref
En théorie, les robots soldats ne connaîtraient ni la rancune, ni la colère. Mais l'éventualité d'un accident soulève des questions de responsabilité, sujet crucial dans le domaine militaire.
Les progrès en matière d’autonomie et de létalité posent un problème philosophique : est-il acceptable de mettre des soldats humains face à des machines incroyablement efficaces ?
Mais un ciblage toujours plus précis amène vers une « guerre de précision », qui serait potentiellement moins sanglante.
Cette évolution pourrait également conduire à un nouveau type de dissuasion.
doctorante au Centre de recherche en gestion (I³-CRG*) à l'École polytechnique (IP Paris)
En bref
Le marché des drones est en pleine expansion, en partie grâce à la forte demande dans les applications militaires.
S’il a longtemps été dominé par les États-Unis et Israël, le marché voit arriver de nouveaux acteurs étatiques comme la Turquie ou l’Iran.
Plus de 80 pays seraient aujourd’hui détenteurs de drones militaires (armés ou de surveillance).
Le marché est aujourd’hui tiré par les drones civils : grand public et de faible coût, ils peuvent facilement être adaptés à un usage militaire.
L’évolution rapide des drones suscite de nouveaux défis : leur autonomie, la connectivité ou encore la cybersécurité.
Auteurs
Richard Robert
journaliste et auteur
Éditeur du site Telos et auteur, Richard Robert enseigne à Sciences-Po. Il a dirigé la Paris Innovation Review de 2012 à 2018. Derniers ouvrages : Le Social et le Politique (dir., avec Guy Groux et Martial Foucault), CNRS éditions, 2020, La Valse européenne (avec Élie Cohen), Fayard, publié en mars 2021.