Le constat est clair, pour éviter la catastrophe sanitaire, non seulement nous devons trouver de nouvelles solutions antimicrobiennes, mais également réduire l’utilisation inutile des traitements. Deux axes complémentaires et indispensables selon les experts. Et pourtant, quand on regarde les chiffres, les efforts ne sont pas encore sensibles.
Toujours un cap en hausse
+2,1 % : Voici l’évolution de la consommation globale d’antibiotiques à l’hôpital entre 2019 et 2020 selon Santé publique France. Dans le même temps, la consommation en ville a diminué, en grande part à cause de la baisse de soins due aux confinements.
Les données du centre européen de surveillance des maladies (ECDC) montrent que même en Europe la résistance aux traitements est présente. Pour les Klebsiella pneumoniae, la plupart des souches circulantes sur notre continent sont résistantes aux carbapenèmes, une classe d’antibiotiques très utilisée. Une tendance toujours à la hausse malgré les efforts des centres experts. En revanche, les Staphylocoques dorés résistants à la méticilline sont de moins en fréquents. Les progrès sont donc possibles.
Et cette tendance ne se résume pas aux antibiotiques courants. Cette infographie interactive de l’ECDC montre la croissance des résistances contre les antibiotiques de recours.
Les enjeux agricoles en travers du chemin
Un problème de santé humaine, mais aussi de santé vétérinaire. L’usage des antibiotiques dans les élevages est ainsi un des moteurs du développement des résistances aux antimicrobiens. Très contrôlés dans les élevages européens, ils restent généreusement administrés aux bétails dans d’autres régions. Aux États-Unis, cette pratique reste autorisée, limitée depuis 2017 aux antibiotiques qui ne sont pas importants pour la santé humaine. Mais ces derniers restent appropriés pour le soin et restent même l’essentiel de la pharmacopée vétérinaire.
Des solutions difficiles à faire émerger
Selon l’OMS, 50 nouveaux antibiotiques sont en cours de développement. 32 ciblent des pathogènes considérés comme prioritaires pour la santé humaine, mais l’autorité médicale transnationale leur reconnaît un bénéfice limité comparé aux molécules existantes. Seulement 2 d’entre eux agissent sur les bactéries à Gram négatif multirésistantes, des souches dont les conséquences sanitaires grossissent très rapidement.
La plupart de ces candidats médicaments sont encore en phase précoce d’évaluation et 252 agents antibiotiques ciblant les pathogènes prioritaires sont en phase préclinique. La petite part de ces molécules qui s’avérera sûre et efficace en santé humaine ne sera pas disponible avant une décennie.