professeure d’économie à l’École polytechnique (IP Paris), chercheuse au CREST (CNRS) et chercheuse associée à CIRANO
Maxime Elkington
étudiant du Master « Economics for smart cities and climate policy » de l'École polytechnique (IP Paris)
En bref
L’eau est une ressource essentielle, elle a un rôle majeur dans la sécurité alimentaire, la santé humaine, la stabilité régionale et les tensions internationales.
La sécurité de l’eau dépend de sa disponibilité dans des qualités et des quantités adéquates aux besoins des populations.
Alors que la demande mondiale en eau augmente, les ressources en eau douce disponibles diminuent, exacerbant les tensions et les compromis.
L’eau est une problématique qui doit inclure toutes les parties prenantes, y compris les communautés locales et autochtones, qui détiennent souvent des connaissances essentielles sur les pratiques de gestion durable.
Le rapport de l'ONU sur la mise en valeur de l'eau estime qu'au rythme actuel, les objectifs sont loin d’être atteints et qu’il faudrait quadrupler les efforts dans certains domaines.
chercheur au Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM)
Bertrand Decharme
directeur de recherche CNRS au Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM)
En bref
Les ressources d’eau douce sont inégalement distribuées sur la surface du globe.
Cette indisponibilité a un lourd impact sur la population mondiale, puisqu’au moins un mois par an, 4 milliards de personnes vivent des graves pénuries.
Le GIEC affirme que le changement climatique renforce les contrastes saisonniers, tels que la sévérité des sécheresses et des évènements humides.
Ces pénuries sont dues à une diminution des précipitations et à une augmentation de l’évaporation.
D’ici 2050 les activités humaines (urbanisation, déforestation, pollution…) pourraient devenir la cause dominante des futures pénuries d’eau mondiales
La communauté scientifique ne peut pas prévoir précisément l’avenir des ressources en eau, car la sécurité future dépendra aussi de l’évolution des facteurs socio-économiques et de la gouvernance.
enseignante à AgroParisTech et chercheure en management public à l’UMR
Stéphanie Dos Santos
sociologue et démographe à l’IRD au sein du Laboratoire Population Environnement Développement
En bref
La pénurie d’eau est une problématique mondiale : un quart de la population mondiale fait face à un stress hydrique extrême chaque année.
Les objectifs de développement durable discutés en 2015 étaient supposés assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable, à un coût abordable.
Les prédictions futures sont inquiétantes : la croissance démographique, l’évolution des modes de vie, l’augmentation de la pollution et l’accélération de l’urbanisation vont continuer à creuser ces inégalités.
La question de l’eau risque d’augmenter les inégalités de genre puisque les femmes peuvent passer jusqu’à 10 fois plus de temps que les hommes à aller chercher l’eau.
La crise climatique aggrave la situation en raréfiant l’eau dans les zones arides et en décuplant les événements extrêmes.
professeure émérite en Génie des procédés et environnement à l’INSA et chercheuse au Toulouse Biotechnology Institute (TBI)
En bref
L’accès à l’eau potable est un enjeu sociétal et sanitaire majeur, qui fut largement traité lors de la Cop28.
En ajustant les systèmes existants, l’adaptation réduit les risques climatiques et la vulnérabilité des populations.
Le manque d’infrastructure et la défaillance des services de distribution sont les premiers freins d’accès à l’eau potable.
Sobriété, dessalement, irrigation, REUT, de nombreuses mesures d’Adaptation existent.
Problème : certaines, telles que le dessalement, ne sont que des solutions de substitution en raison de leur impact environnemental.
La marge d’amélioration est grande : alors que c’est une mesure d’adaptation importante, la France ne réutilise qu’1 % du volume d’eaux usées, face à 80 % en Israël.
Le récent projet Explore2 examine les futurs possibles de l’eau en France métropolitaine selon les scénarios climatiques du GIEC.
Dans le pire des scénarios, la température atteindra +4 °C d'ici la fin du siècle par rapport à 1976-2005, avec des précipitations accrues en hiver et réduites en été.
Une grande partie du territoire métropolitain connaîtra très certainement des étiages plus sévères en été et une hausse des débits des rivières en hiver.
Les « hot spots » (notamment le Sud-Est et le Sud-Ouest de la France) seront particulièrement affectés par une baisse de la ressource en eau annuelle.
La France se trouve géographiquement à la transition entre deux évolutions majeures : plus de précipitations au nord de l'Europe et une aridification du bassin méditerranéen.