ingénieure géologue et experte en stockage géologique du CO2
En bref
Pour lutter contre le réchauffement climatique, il est possible de capter et de stocker sous terre une partie du CO2 que nous émettons.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’à l’échelle de la planète, cette technologie pourrait représenter 15 % des efforts de réduction des émissions de CO2.
Pour Isabelle Czernichowski-Lauriol, des mécanismes financiers pourraient permettre d’initier son déploiement.
Certains pays comme les États-Unis l’ont déjà fait, et d’autres réfléchissent aux modalités.
Il faut environ 7 ans pour qu’un projet industriel soit opérationnel, et il faut donc les prévoir dès aujourd’hui si l’on veut pouvoir démarrer avant 2030.
Didier Dalmazzone, professeur en chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
Le 26 mai 2021
5 min. de lecture
Didier Dalmazzone
professeur en chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
En bref
La concentration atmosphérique du CO2 est passée de 300 parties par million (ppM) en 1950 à plus de 400 ppM.
Même si la nature capture déjà une grande partie du CO2 atmosphérique, ce n’est pas suffisant pour atteindre les niveaux exigés pour lutter contre le réchauffement climatique.
La capture directe du CO2 atmosphérique (DAC, pour « Direct Air Capture ») est une solution a priori efficace au problème des émissions diffuses.
Cependant, la DAC se heurte à la difficulté majeure de la faible concentration de CO2 dans l’atmosphère – 400 ppM. Avec les technologies existantes, il faudrait traiter 1,25 million de mètres cubes d’air pour capturer une seule tonne de CO2.
Des solutions technologiques sont en cours de développement afin de surmonter ce défi.
professeur à l’Université de Paris et directeur d'une équipe au laboratoire d’électrochimie moléculaire (CNRS)
En bref
La start-up française Carboneo cherche à transformer le CO2 atmosphérique en oxygène et en monoxyde de carbone ; une molécule très utile pour l’industrie chimique.
Pour ce faire, Carboneo veut récupérer le CO2 émis par les sites industriels (cimenteries, aciéries ou industries chimiques), dont les émissions s’élevaient à 133 millions de tonnes en 2019 en France.
Leur technologie a plusieurs avantages : elle ne contient pas de métaux rares, et fonctionne à température et pression ambiantes.
La preuve de concept a été apportée en 2019 via un article dans le journal Science, mais l’enjeu est désormais de changer d’échelle.
Gabriella Cevallos, consultante senior chez Deloitte
Le 26 mai 2021
4 min. de lecture
Gabriella Cevallos
consultante senior chez Deloitte
En bref
Les solutions de séquestration du carbone fondées sur la nature pourraient contribuer à réduire la température de 0,4 °C dans un scénario de réchauffement climatique de 1,5 °C à l’horizon 2100.
Dans le secteur agricole, par exemple, la mise en place de certaines pratiques pourrait permettre de séquestrer 0,8 GtCO2/an à l’échelle planétaire (contre environ 42 GtCO2 émis en 2017).
Cependant, si les températures augmentaient de 3 °C, cela diminuerait la capacité des écosystèmes naturels à stocker du carbone.
Il existe un réel intérêt pour les entreprises à investir aujourd'hui dans la mise en œuvre de pratiques de séquestration du carbone, au vu de la potentielle augmentation de la demande de projets locaux à faible émission de carbone.
Laurent Catoire, responsable de l'Unité chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
Le 8 mars 2022
4 min. de lecture
Laurent Catoire
responsable de l'Unité chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
En bref
Chaque année, près de 270 millions de tonnes de CO2 sont émises dans l’atmosphère, dont seules 0,1 % sont captées.
Le stockage souterrain du CO2 se fait par le biais de divers mécanismes de piégeage physiques et chimiques dans certains milieux géologiques.
Les opérations déjà en cours montrent qu'il n'y a pas d'obstacle technologique majeur au stockage géologique du CO2.
L’une des principales difficultés serait donc l’acceptabilité de ce procédé, parce qu’il demeure un risque (bien que minime) de fuite du CO2 stocké, préjudiciable pour les populations locales.
Les projets se focalisent donc pour l’instant sur le stockage du CO2 en pleine mer, dans des zones comme la mer de Norvège.
professeur en chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
En bref
Le GIEC estime que la capture et le stockage du CO2 sont des stratégies d’atténuation permettant de limiter le réchauffement climatique.
Il faudrait pour ce faire capter 7,6 Gt CO2/an d’ici 2050, ce qui semble actuellement hors d’atteinte : la filière est encore à construire.
De nombreux défis sont en jeu pour généraliser cette technologie de captage, comme le coût du procédé ou les quantités d’eau et d’énergie requises.
Pour stocker le CO2, les anciens réservoirs d’hydrocarbures semblent plus stables que les aquifères salins profonds.
Valoriser le CO2 capté à l’échelle industrielle pourrait permettre d’éviter les inconvénients de son stockage.
Auteurs
Cécile Michaut
journaliste scientifique
Titulaire d’un doctorat de chimie de l’université Paris-XI Orsay, Cécile Michaut a été enseignante-chercheuse pendant deux ans, avant de bifurquer vers le journalisme scientifique en 1999. Parmi ses collaborations, citons Le Monde, La Recherche, Pour la Science, Science et vie, Sciences et Avenir, Environnement Magazine… Elle enseigne également la vulgarisation et le media training pour plusieurs organismes de recherche et universités. Elle a fondé la société Science et partage (www.scienceetpartage.fr), et publié en 2014 le livre Vulgarisation scientifique, mode d’emploi (EDP Sciences).
professeur en chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
Didier Dalmazzone est aussi membre du Comité de Direction du Centre Interdisciplinaire Energy for Climate de l'Institut Polytechnique de Paris. Responsable du Parcours Production et Gestion de l'Énergie en 3ème année du cursus ingénieur ENSTA Paris, il est également responsable de la Mention de Master en Energie de l'IP Paris. Ses activités de recherche sur les procédés pour la transition énergétique concernent la filière hydrogène, la capture du CO2 ainsi que la réfrigération.
Gabriella Cevallos accompagne les entreprises dans l’intégration et le déploiement du sujet climatique au sein de leur stratégie. Diplômée de Sciences Po Toulouse et d'AgroParisTech, elle a notamment travaillé en Equateur pour accompagner les gouvernements locaux sur des projets environnementaux et au sein du think-tank I4CE sur les sujets liés au secteur des terres et au marché volontaire du carbone.
responsable de l'Unité chimie et procédés à l'ENSTA Paris (IP Paris)
Laurent Catoire est professeur en cinétique chimique appliquée, en particulier à la combustion et en général à tous les systèmes réactifs. Après une thèse DGA, il travaille depuis 30 ans sur des systèmes réactifs assez peu étudiés, mal connus mais aux applications importantes ou potentiellement importantes (systèmes hypergoliques en propulsion spatiale, matériaux énergétiques civils et militaires (explosifs, propergols et générateurs de gaz), liquides ioniques énergétiques, nanothermites, combustion de l'aluminium, combustion des métaux, etc).