Pouvez-vous expliquer ce qu’est l’impression 3D et qui l’utilise ?
Fabien Szmytka. Les secteurs qui utilisent le plus l’impression 3D (ou fabrication additive) sont principalement les industries manufacturières et les transports, le secteur aérospatial et les sports mécaniques. Les imprimantes 3D y sont utilisées pour produire des machines, des parties de robots, des pièces détachées, des outillages, des moules, des maquettes, etc.
En ce qui concerne les matériaux, les plus employés restent les polymères plastiques de différents formats (poudre, fil, etc.). Seule une petite partie des matériaux utilisés sont métalliques, céramiques ou d’autres types.
Dans l’industrie automobile et les sports mécaniques, la fabrication additive a d’abord été utilisée pour concevoir des prototypes, mais aujourd’hui elle sert également à fabriquer des pièces mécaniques aussi bien que des éléments de design (carrosserie, ailerons, etc.). À titre d’exemple, des fabricants automobiles comme Honda ont déjà construit des véhicules complètement imprimés en 3D, qui ne sont pas encore commercialisés.
Le monde académique a également de plus en plus recours à la fabrication additive pour soutenir la recherche. De nombreux projets utilisent des prototypes expérimentaux conçus avec la technologie de l’impression 3D. Pour ce faire, certains laboratoires ou instituts de recherche se sont dotés de leurs propres imprimantes, voire de véritables Fab Labs (pour « fabrication laboratory ») comme ceux, par exemple, de l’Institut Pasteur (FLIP) ou de l’Institut Polytechnique de Paris.
Quels sont les principaux atouts de la fabrication additive dans votre domaine ?
La fabrication additive métallique permet aujourd’hui de créer des pièces à la géométrie complexe, qui seraient impossibles à produire en ayant recours à des procédés traditionnels ; des détails très fins, par exemple, se casseraient lors d’un démoulage en fonderie classique.
Pour les réparations de certaines pièces, la soudure peut être utilisée, mais cette technique est très sensible aux conditions de mise en œuvre (température de l’air, humidité) et est très difficile à automatiser. Il faut beaucoup d’opérateurs spécialisés, dont la formation nécessite un long temps d’apprentissage. La fabrication additive permet donc, dans une certaine mesure, de pallier le manque d’ouvriers spécialisés.
En quoi consistent vos recherches sur l’impression 3D métallique ?
Notre objectif est d’étudier les matériaux métalliques produits à l’aide de la fabrication additive. A partir d’une poudre métallique, et grâce à une technique de projection de poudre (« Directed Energy Deposition »), nous produisons nos propres matériaux, dont la qualité dépend de plusieurs paramètres : composition de la poudre, puissance et vitesse de la machine.… Nous observons ensuite les effets de la variation de ces paramètres sur ses microstructures. Enfin, nous testons la résistance aux sollicitations mécaniques de ce nouveau matériau métallique, en évaluant par exemple les déformations produites par une traction, ou en mesurant les effets d’un traitement thermique.
Dans notre laboratoire, nous conduisons des tests sur des structures complexes qui se rapprochent de la géométrie des pièces industrielles, alors que les tests standards utilisent des éprouvettes à géométries plus simples (plaques, cylindres). Avec notre recherche sur les matériaux métalliques, nous essayons de répondre aux exigences des partenaires industriels, qui peuvent nous demander de développer un matériau répondant à des caractéristiques déterminées pour un usage spécifique. Mais nous menons également des études exploratoires sur des polymères en collaboration avec des chimistes du CNRS.
Dans quels domaines vos études sont-elles appliquées ? Et qui sont les utilisateurs finaux de ces matériaux ?
L’un des champs d’investigation les plus prometteurs est l’utilisation de ces procédés pour réparer des structures endommagées. En termes d’applications pour les matériaux métalliques, nous travaillons avec les secteurs de l’énergie, du transport et de l’aéronautique. Par exemple, nos partenaires EDF et la SNCF utilisent des pièces de très grandes dimensions, dont la conception date parfois d’une vingtaine d’années, et qui seraient difficiles à remplacer – d’autant plus que désormais, elles ne sont plus produites. D’où l’intérêt de trouver des solutions pratiques et économiques pour les réparer.