Que manque-t-il à l’impression 3D pour devenir un moyen de production de masse ? Quels sont les leviers et les défis des prochaines années ?
Sumeet Jain. La fabrication additive a considérablement évolué au cours de la dernière décennie, en particulier sur la question des matériaux disponibles. Néanmoins, il existe encore des obstacles à l’adoption de l’impression 3D dans la production de masse. Le manque de matériaux à l’échelle industrielle, la fiabilité et la répétabilité des produits, le post-traitement et le coût par pièce continuent d’être des défis.
Les fabricants de divers secteurs reconnaissent cependant le potentiel inexploité de cette technologie, et travaillent pour surmonter ces défis. L’impression 3D permet en effet de numériser et de décentraliser la production, ce qui accroît la liberté de conception, la personnalisation des produits, la simplification de la chaîne d’approvisionnement et l’optimisation de la gestion des stocks.
Le potentiel de la fabrication additive a été pleinement perçu durant la pandémie, notamment lorsqu’il a fallu accélérer le développement et la production de certains produits. Cet élan permettra sûrement d’accroître la fiabilité de la fabrication additive dans les années à venir, notamment grâce à des avancées technologiques et à une amélioration de la disponibilité des matériaux à l’échelle de production.
La fabrication additive accroît-elle la durabilité des industries ?
La fabrication additive est compatible avec une industrie durable non seulement du point de vue de l’entreprise, mais aussi du point de vue de la technologie et de la santé. Sa liberté de conception permet de produire des objets plus légers et de réduire la consommation de matière. En outre, elle permet une utilisation optimale des machines-outils, et la fabrication de produits personnalisés tels que les prothèses, les implants dentaires, les casques et les autres équipements de protection.
La durabilité étant au cœur de notre stratégie, nous proposons également des polymères produits à partir de poudres de polyamide biosourcées, et nous développons activement des produits biodégradables et recyclables pour améliorer l’impact environnemental des produits imprimés en 3D.
Vous travaillez de concert avec la start-up américaine Continuous Composites pour mettre au point une nouvelle technologie d’impression de fibres de carbone continues avec des résines. Quel est votre objectif ?
Le partenariat d’Arkema avec Continuous Composites est un parfait exemple de la manière dont la collaboration entre des expertises complémentaires peut permettre d’accélérer l’innovation. La technologie unique d’impression 3D par fibre continue de Continuous Composites utilise les résines thermodurcissables d’Arkema (N3xtDimension®). Cette technique nous permet de produire des matériaux composites légers. De plus, la technologie CF3D de Continuous Composites produit moins de déchets et demande moins de main-d’œuvre, ce qui offre une alternative durable à la fabrication de composites conventionnels.
Une grande partie des produits fabriqués à l’aide de composites (tels que des pièces d’avion, des voitures de Formule 1 ou des articles de sport) peuvent être fabriqués de cette manière. La technologie CF3D peut permettre de réaliser des économies considérables, ouvrant ainsi l’impression 3D à des applications courantes, surtout là où les composites ne sont pas encore utilisés.
L’utilisation de la fabrication additive va-t-elle se généraliser ?
La connaissance et la diffusion de l’impression 3D augmentent de jour en jour. Les fabricants sont de plus en plus à la recherche d’une technologie capable de répondre aux demandes de personnalisation des produits à grande échelle. La fabrication additive a déjà transformé certains secteurs comme l’industrie dentaire, qui se convertit rapidement à la dentisterie numérique.
Pendant la pandémie, l’industrie de la fabrication additive a démontré ses capacités à collaborer sans frontières et à partager son savoir-faire. De nombreuses fournitures essentielles, telles que des pièces de respirateurs, des écouvillons nasaux et des visières, ont ainsi été produites à l’aide de l’impression 3D pendant la crise pour répondre à des demandes locales.