Central Europe Sustainability Lead partner chez Deloitte
Erwan Harscoët
directeur au sein du cabinet Sustainability de Deloitte
En bref
Les entreprises sont désormais soumises à une forte pression des consommateurs et des parties prenantes (ONG, gouvernements) pour ne pas dégrader la planète ni émettre de gaz à effet de serre.
Cela nécessite une approche globale et une analyse de début et de fin de vie du cycle des produits pour maîtriser leur empreinte environnementale.
Les bioplastiques biosourcés peuvent résoudre certains problèmes, mais la phase critique demeure la fin de vie des produits. La biodégradabilité reste donc un critère majeur.
Une gestion optimale des bioplastiques nécessite une vision multisectorielle et une bonne compréhension des enjeux en termes de filière industrielle, de recyclage et de biodégradabilité.
Même si traditionnellement les plastiques sont produits à partir de la pétrochimie, les bioplastiques ont été présents sur le plan industriel depuis le début du XXe siècle.
Le polyamide 11, produit à partir d’huile de ricin et surnommé le « nylon français », est sur le marché en France depuis 1945. Cependant, il reste plus cher que le polyamide 6 d’origine fossile.
Les procédés chimiques pour produire des polymères à base d’huiles sont bien connus et les bioplastiques peuvent être produits aujourd'hui à partir de l’huile de lin et de soja.
Il faut néanmoins prendre en compte toutes les dimensions. Notamment, les questions autour de la biodégradabilité (qui peut être trompeuse) et du recyclage.
James Bowers, Rédacteur en chef de Polytechnique Insights
Le 2 février 2021
3 min. de lecture
Lisa Zimmermann
doctorante en biologie à la Goethe University
En bref
En 2019, la biologiste Lisa Zimmermann a publié une étude démontrant que 67% des biens de consommation fabriqués en matières plastiques à base de pétrole contiennent des substances chimiques présentant un certain degré de toxicité.
Sa nouvelle étude révèle que 67% des 43 produits en bioplastique d’origine végétale qu’elle a analysés renferment des substances chimiques attestant d’une « toxicité de base ».
La chercheuse en déduit que la toxicité des bioplastiques et des matières végétales équivaut à celle des matières plastiques ordinaires à base de pétrole.
chercheur CNRS en chimie de synthèse et professeur à l'École polytechnique (IP Paris)
Grégory Danoun
chercheur CNRS en chimie de synthèse et professeur à l'École polytechnique (IP Paris)
En bref
Grégory Nocton et Grégory Danoun, chercheurs en chimie de synthèse, travaillent sur de nouveaux procédés pour produire des polymères à partir de déchets.
Ils peuvent trouver des briques élémentaires dans presque n’importe quelle matière. Leur objectif est donc de développer des procédés de synthèse optimaux pour produire ces nouveaux matériaux.
Ils ont choisi les déchets car ils offrent une ressource durable qui n’entre pas en compétition avec d’autres procédés.
Le but : trouver des solutions variées afin de ne pas se retrouver prisonnier d’une seule option comme cela a été le cas le pétrole.
docteur-ingénieur en science des matériaux chez Total
En bref
360 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année. Les bioplastiques cherchent encore leur mise à l’échelle industrielle.
Total se tourne aujourd’hui vers des matières premières abondantes comme les huiles végétales, l’amidon et le sucre de canne.
Avec deux usines en France et en Thaïlande, Total pourrait bientôt produire 175kT de PLA par an.
Du point de vue du Total, il faut que les démarches soient inscrites dans une vision environnementale plus globale prenant en compte, par exemple, les analyses de cycle de vie et le recyclage du plastique.
Auteurs
James Bowers
Rédacteur en chef de Polytechnique Insights
James Bowers est docteur en biologie moléculaire du Museum national d’Histoire naturelle avec un master en production des médias scientifiques de l’Imperial College de Londres. Il a conçu pendant six ans des contenus scientifiques pour le numérique, la télévision et d’autres médias, au Royaume-Uni et en France. Plus récemment, il a travaillé trois ans en tant que consultant et formateur scientifique pour l’agence Agent Majeur, où il a coécrit le livre Sell Your Research: Public Speaking for Scientists, paru aux éditions Springer.
Éditeur du site Telos et auteur, Richard Robert enseigne à Sciences-Po. Il a dirigé la Paris Innovation Review de 2012 à 2018. Derniers ouvrages : Le Social et le Politique (dir., avec Guy Groux et Martial Foucault), CNRS éditions, 2020, La Valse européenne (avec Élie Cohen), Fayard, publié en mars 2021.