La demande d’énergie dans le monde a considérablement augmenté avec l’accroissement de la population. Cela s’explique, et c’est un truisme, par le fait que l’énergie est nécessaire à presque toutes les activités : dans l’industrie, pour les activités domestiques et les déplacements urbains, interurbains ou intercontinentaux. Aujourd’hui, la majorité de l’énergie utilisée est obtenue par la combustion de combustibles fossiles, qui ne sont bien entendu pas des ressources renouvelables. L’énergie libérée lors de la combustion des combustibles fossiles est moins coûteuse, mais elle est confrontée à certains défis qu’il n’est probablement pas utile de rappeler ici.
Incontournable combustion
Le souhait de ne plus recourir à la combustion des énergies fossiles ne rime cependant pas forcément avec la disparition des procédés de combustion. Ils sont aujourd’hui hégémoniques et travaillés intensivement depuis 150 ans. Aucun motif sérieux n’est à même de les faire disparaître. Ils sont du reste trop nombreux : turbines à gaz, moteurs thermiques et hybrides, brûleurs des appareillages de chauffage et des fours des industries pétrochimiques, brûleurs nécessaires aux opérations de séchage, systèmes de combustion pour chaudières industrielles et domestiques, etc. Tous développés pour des applications spécifiques.
Les alternatives que sont les piles à combustibles ou encore les batteries sont probablement intéressantes pour quelques niches, mais elles ne sont ni propres ni sûres, et demeurent très coûteuses, tant sur les plans économique et sociétal qu’environnemental.
Il reste donc à discuter des substances susceptibles de remplacer les énergies fossiles, en particulier le gaz naturel, dans ces dispositifs de combustion. Les industries verrières pensent au verre vert, et l’un des candidats potentiels pour répondre à leurs soucis et besoins est l’hydrogène (H2) vert. Ce souci n’est pas uniquement celui des industriels du verre, il en va de même pour l’industrie cimentière et, plus généralement, pour tous les industriels. L’hydrogène n’existe pas en tant que tel dans la nature (l’atmosphère terrestre en contient très peu). On peut l’obtenir à partir des matières végétales (biomasse), mais il semble que l’on s’oriente vers une production par électrolyse de l’eau et/ou à l’aide de procédés thermiques. [Ces questions ne sont pas abordées plus avant ici, mais sont traitées dans d’autres articles du présent dossier].
L’hydrogène, avenir de la combustion ?
Combiné à l’utilisation de sources d’énergie renouvelables pour sa production, l’hydrogène (considérons le vert par simplicité) représente un combustible alternatif potentiel pour les turbines à gaz destinées à produire de l’électricité à faibles émissions et pour les procédés, appareillages et systèmes de combustion énumérés ci-dessus. Cependant, en raison de la différence des propriétés physiques entre l’hydrogène et d’autres combustibles tels que le gaz naturel, les systèmes de combustion de turbines à gaz bien rodés ne peuvent pas être convertis directement à la combustion d’hydrogène – un procédé en développement depuis de nombreuses années, car il offre la promesse de réduire considérablement les émissions de NOx, sans émettre de particules (PM ou suies) ou de CO2.
Les nombreuses études fondamentales menées dans les laboratoires académiques et les laboratoires de R&D ont permis de très bien maîtriser les mécanismes de combustion de l’hydrogène dans l’oxygène ou dans l’air. Ils peuvent être implémentés dans des codes CFD (Computational Fluid Dynamics) maisons ou commerciaux qui prennent en compte non seulement la mécanique des fluides, les propriétés de transport, les échanges thermiques mais aussi, et c’est plus récent, la chimie de la combustion avec la finesse nécessaire et suffisante pour savoir dans quelles zones du dispositif agir pour limiter la formation des seuls polluants susceptibles de se former lors de la combustion H2/air, c’est-à-dire les oxydes d’azote ou NOx (monoxyde d’azote (x=1) et dioxyde d’azote (x=2)).
Réduction des polluants
Il est bon de préciser que les industriels et les académiques ont développé depuis des décennies des stratégies, aujourd’hui éprouvées, pour limiter la formation des oxydes d’azote lors des combustions des énergies fossiles. On peut citer, de façon non-exhaustive, l’EGR (pour Exhaust Gas Recirculation), la technologie SNCR (pour Selective Non Catalytic Reduction), la technologie SCR (pour Selective Catalytic Reduction), la post-combustion et diverses technologies de combustions dites « avancées » qui combinent des technologies existant indépendamment les unes des autres.
Ces stratégies de dépollution pourront être mises en œuvre au besoin pour les appareillages dans lesquels on brûlera des mélanges hydrogène/air. Sachant que certaines d’entre elles autorisent une réduction de 90 % des NOx, on conçoit que la combustion de l’hydrogène est une alternative sérieuse, propre et sûre. Naturellement, les risques chimiques encourus lors de la mise en œuvre de l’hydrogène ne sont pas les mêmes que pour le gaz naturel. Cependant, ces risques sont connus et parfaitement maîtrisés, et sont exactement les mêmes que ceux des piles à combustible, par exemple.
Pour aller plus loin
Combustion, Pollutions et Risques Environnementaux (French Edition), Laurent Catoire