L’hydrogène apparaît comme une bonne alternative aux énergies fossiles dont nous sommes très dépendants. Il permet en effet de stocker massivement de l’énergie sur une longue période de temps, et peut alors être utilisé dans le cadre d’applications mobiles ou stationnaires en utilisant des piles à combustible ou par combustion directe. Selon sa production, son impact carbone peut également être très intéressant. Toutefois, son utilisation dépend fortement de son stockage, qui représente actuellement un problème crucial, particulièrement pour la mobilité. Il est donc primordial de concevoir des réservoirs légers, compacts, sûrs et peu coûteux !
Stockage liquide à basse température et stockage gazeux sous haute pression
L’hydrogène liquide est très énergétique et possède une masse volumique de 71 kilogrammes par mètre cube à pression atmosphérique. Cependant, sa liquéfaction présente un inconvénient majeur : son coût en énergie, car l’hydrogène ne devient liquide qu’à −253 °C. En outre, l’hydrogène liquide doit être stocké dans des réservoirs cryogéniques, qui sont pour la plupart en acier inoxydable et ont des capacités allant de quelques litres à plusieurs milliers de mètres cubes. L’isolation thermique de ces réservoirs n’est cependant pas parfaite, et il subsiste toujours une ébullition du gaz (« boil-off ») causée par des apports de chaleur extérieurs, qui sont dus à des problèmes d’isolation, de taille et de forme du réservoir.
À l’état gazeux, l’hydrogène étant l’élément le plus léger, il occupe un volume substantiel de 11 m3 par kilogramme dans les conditions normales de température et de pression (0 °C sous 1,013 bar. Il est donc absolument nécessaire de réduire ce volume afin de le stocker et de le transporter efficacement. Pour cela, la pression est une bonne alternative. Le stockage d’hydrogène gazeux sous pression, dans des bouteilles cylindriques en acier remplies sous 200 ou 250 bar, est une pratique standard. Cependant, il subsiste deux inconvénients principaux à ce mode de stockage : l’encombrement et la masse. Ces problèmes d’encombrement et de masse ont été considérablement résorbés depuis l’apparition de réservoirs dits types III et IV, dont les structures de renforcement sont en matériaux composites. Ces composites sont constitués de fibres de verre, d’aramide ou de carbone noyées dans une résine, et permettent de travailler à des pressions plus élevées tout en réduisant la masse et en augmentant la résistance à la rupture explosive en condition d’agression externe. Grâce à ces structures composites les pressions standards sont alors passées à 350 et 700 bar.
Le stockage solide : une alternative aux stockages liquide ou sous pression
Le stockage solide de l’hydrogène se caractérise par la séquestration du gaz au sein d’un matériau solide. Cette séquestration peut être de nature chimique ou physique selon le type de matériau. Le stockage par combinaison chimique, dit d’absorption, repose sur la formation d’un hydrure métallique qui résulte de la combinaison chimique réversible par liaisons métalliques de l’hydrogène avec les atomes d’une grande variété de métaux. À l’inverse, le stockage par combinaison physique se caractérise par une augmentation de la densité du gaz à la surface du matériau solide qui est due aux interactions moléculaires entre l’adsorbat (gaz) et l’adsorbant (solide). Ce phénomène de surface, qui est totalement réversible, n’est possible qu’avec un solide à grande surface spécifique, c’est-à-dire un matériau à la fois très poreux avec de petits pores (diamètre de pore de l’ordre du nanomètre) et très divisé, sous forme de fine poudre.
Finalement, quelle est la meilleure solution ?
Malgré les progrès constants de la recherche concernant le stockage embarqué de l’hydrogène, aucune des techniques énoncées précédemment ne correspond au cahier des charges fixé par le Department of Energy (DOE) américain en termes de performances physiques (stockage massique, stockage volumétrique, température, pression, taux de fuite), de contraintes matérielles (masse et volume du système) et de contraintes économiques.
L’hydrogène liquide offre le meilleur rapport quantité stockée/volume. Cependant, la faible ébullition du liquide (« boil-off »), due aux inévitables pertes thermiques – aussi réduites soient-elles – entraîne un dégagement permanent d’hydrogène, donc une perte de masse, qui empêche, dans le cas d’une application embarquée, de laisser son véhicule dans un lieu confiné. Ce fut le cas de la BMW Hydrogen7 qui était équipée de cette technologie de stockage, et dont la production a été arrêtée à cause de ce problème. Ce type de stockage est néanmoins très développé pour le transport du gaz notamment en Amérique du Nord, où il représente plus de 90 % des volumes acheminés par la route.
Le stockage sous forme comprimée, dans des réservoirs composites, permet d’atteindre une densité massique satisfaisante sous 350 bar, mais la densité volumique est trop faible et il est nécessaire d’augmenter la pression jusqu’à 700 bar. À cette pression, la masse volumique de l’hydrogène est alors de 42 kilogrammes par mètre cube. Ce type de stockage est retenu par de nombreux constructeurs automobiles dans le cadre d’une autonomie de 400 à 500 km (environ 5 kilogrammes d’hydrogène stockés). Il est à noter que le stockage de 5 kg d’hydrogène sous 700 bar requiert tout de même un volume de 125 litres. Sur le plan économique, même si un réservoir cryogénique est moins cher qu’un réservoir hyperbare, le coût de liquéfaction du gaz sera plus élevé que celui de sa compression, même à 700 bar.
Le stockage de l’hydrogène sous forme d’hydrures métalliques ou stockage par absorption offre un rapport quantité stockée/volume du réservoir 3 fois supérieur à celui du gaz comprimé. Cependant, en raison de la masse élevée des hydrures métalliques, le pourcentage massique d’hydrogène stocké est beaucoup trop faible. De plus, la restitution du gaz nécessite un apport de chaleur alors que l’hydruration (formation de l’hydrure) est exothermique, avec une cinétique lente. Ce type de stockage correspond beaucoup plus à des applications stationnaires.