Pour Jacques-François Marchandise, les solutions fournies par le numérique pour servir la transition écologique sont souvent contreproductives, et susceptibles d’aggraver les problèmes écologiques qu’elles cherchent à résoudre (5G, covoiturage, multiplication des capteurs et des mesures en temps réel…).
La fabrication des appareils représente par ailleurs 70 % de l’empreinte carbone du numérique en France…
… et accroître la réparabilité des produits est donc l’un des enjeux clés pour améliorer son impact environnemental sur le long terme.
Jacques-François Marchandise donne donc des pistes pour que la transition numérique – qui manque d’un but précis mais jouit de moyens importants – soit véritablement mise au service de la transition écologique.
Laure Muselli, maître de conférences en management des systèmes d’Information à Télécom Paris et chercheuse à l’institut interdisciplinaire de l’innovation (I³-SES/CNRS)
Le 8 juin 2021
5 min. de lecture
Laure Muselli
maître de conférences en management des systèmes d’Information à Télécom Paris et chercheuse à l’institut interdisciplinaire de l’innovation (I³-SES/CNRS)
Stefano Zacchiroli
professeur en informatique à Télécom Paris (IP Paris)
Fred Pailler
sociologue et chercheur post-doctoral au C²DH (Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History)
Mathieu O’Neil
professeur associé de communication à l'Université de Canberra
En bref
L’open source conserve une image d’écosystème indépendant des GAFAM, collaboratif et bénévole, mais la réalité contredit cette idée…
… Puisque les géants du web sont en réalité les plus gros contributeurs aux projets de logiciels libres.
Seul 15% du code Linux est ainsi encore produit par des bénévoles.
Cela a amené des changements dans la propriété intellectuelle : de plus en plus de licences open source sont en effet modifiées dans le but de s’approprier les logiciels développés.
professeur en relations publiques à l’Université du Québec à Montréal
En bref
Le scandale Cambridge Analytica et d’autres affaires ont récemment alerté les citoyens sur la possibilité pour les réseaux sociaux de manipuler leurs émotions et leur vote en jouant sur leurs émotions.
Mais pour le chercheur Camille Alloing, les réseaux sociaux surestimeraient sciemment leur capacité de manipulation afin de vendre de l’espace publicitaire.
De la même façon, les plateformes telles que Facebook n’hésiteraient pas à mener des expériences psychologiques sur les émotions de centaines de milliers de leurs utilisateurs...
… Et ce à leur insu, et en se basant sur une conception caricaturale et inopérante des émotions, dans l’unique but d’accréditer leur discours sur leur capacité de manipulation.
Les données personnelles – qui englobent toutes les informations permettant d’identifier une personne, de sa localisation à ses empreintes biométriques – sont particulièrement recherchées par les entreprises, en ce qu’elles permettent un meilleur ciblage publicitaire.
La CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) a pour mission de protéger les données personnelles des citoyens français, notamment en faisant appliquer le RGPD européen.
Marie-Laure Denis, présidente de la CNIL, revient ainsi sur les nombreuses évolutions du cadre règlementaire européen survenues en 2020, qui ont permis d’améliorer la protection des données dans les États membres de l’UE.
Elle explique également en quoi les données personnelles peuvent également être essentielles pour conduire des politiques publiques efficaces – notamment dans le cadre de la crise sanitaire.
professeur en sciences économiques à l'Université de technologie de Compiègne
En bref
Pour Yann Moulier Boutang, nous entrons actuellement dans un nouveau modèle capitaliste dit « cognitif », qui se baserait non plus sur le travail physique, mais sur l’activité cérébrale.
Selon lui, un parallèle peut ainsi être dressé entre les externalités positives générées par le numérique (la créativité, la coopération…) et la pollinisation : les humains se sont longtemps focalisés sur la vente du miel (le produit fini), alors même que l’activité la plus productive des abeilles était la pollinisation, qui génère entre 500 et 5 000 fois plus de valeur.
Ce modèle de captation et de traitement massif des données a engendré une véritable révolution de la science, avec un retour de la méthode inductive basée sur l’intelligence collective ayant permis de résoudre des problèmes aussi complexes que celui de la « machine à traduire »…
… Mais il pose cependant la question de la marchandisation de notre temps de loisir, et de la propriété intellectuelle.
Auteurs
Laure Muselli
maître de conférences en management des systèmes d’Information à Télécom Paris et chercheuse à l’institut interdisciplinaire de l’innovation (I³-SES/CNRS)
Les recherches de Laure Muselli portent sur la façon dont les nouvelles logiques telles que la transformation numérique ou l'open source modifient le travail, les professions, les identités et les pratiques au sein des organisations.